Hegel. La philosophie comme « une affaire sérieuse »

Hegel 1770-1831

« Il paraît particulièrement nécessaire de faire de nouveau de la philosophie une affaire sérieuse. Pour toutes les sciences, les arts, les talents, les techniques prévaut la conviction qu’on ne les possède pas sans se donner la peine et sans faire l’effort de les apprendre et de les pratiquer. Si quiconque ayant des yeux et des doigts, à qui on fournit du cuir et un instrument, n’est pas pour cela en mesure de faire des souliers, de nos jours domine le préjugé selon lequel chacun sait immédiatement philosopher et apprécier la philosophie puisqu’il possède l’unité de, mesure nécessaire dans sa raison naturelle – comme si chacun ne possédait pas aussi dans son pied la mesure d’un soulier -. II semble que l’on fait consister proprement la possession de la philosophie dans le manque de connaissances et d’études, et que celles-ci finissent quand la philosophie commence. »

Hegel, Préface à la phénoménologie de l’Esprit, préface, 1807

Sur quoi porte le texte ? Et à quelle question répond Hegel dans ce texte ? Quelle en est la réponse ? Comment l’auteur a t-il construit son argumentation ?

Travail réalisé par Yorgan de TL

Le thème de ce texte est la philosophie, car Hegel dit que pour faire de la philosophie, il ne faut pas y avoir de préjugé (consiste à philosopher sans apprentissage) il faut y avoir un apprentissage pour la pratiquer.

Tout le monde peut il philosopher ?

Et Hegel dit que pour philosopher, il faut y avoir une préparation.

De quelle manière peut-on faire de la philosophie ? Hegel dit que pour faire de la philosophie, il faut avoir un apprentissage.

« Il faut faire de nouveau de la philosophie une affaire sérieuse. » première phrase.

Dans une 1ère  partie : il y a l’expression d’une thèse. La philosophie est une affaire sérieuse. Il l’énonce comme le rappel d’une exigence qu’on semble avoir oublié sur la philosophie. Dans la 2ème  partie : Hegel dit pourquoi l’on doit faire de la philosophie une affaire sérieuse. Dans la 3ème  partie : il montre tout le ridicule qu’il y a à penser spontanément, il ridiculise cette opinion. Il dit aussi que la raison est un élément essentiel pour philosopher. Tout cela met en avant l’argument qui fonde le préjugé.Et dans la fin du texte : il termine en appuyant sur le ridicule de cette opinion.

Travail rédigée par Stéphane de TES

Ce texte philosophique de Hegel parle de la philosophie. Hegel qui est un philosophe, va dans son texte répondre à la question générale qui est : Comment philosopher ? Pour y répondre, il va critiquer les préjugés, les opinions que nous pouvons avoir sur la philosophie.

La première phrase du texte qui dit «il est nécessaire de faire de nouveau de la philosophie une affaire sérieuse », est la thèse de l’auteur qu’il a d’ailleurs formulée de manière elliptique. En général Hegel dit, qu’il est important de faire sérieusement de la philosophie, on ne peut pas faire autrement, d’où la notion de «nécessité » c’est donc une obligation. Dans sa thèse, on a aussi l’impression qu’il veut nous rappeler une exigence que l’on a oublié sur la philosophie, car maintenant on considère cette pratique comme chose légère.

Dans la suite du texte, l’opinion commune dit que pour n’importe quelle activité il faut travailler, qu’on ne peut pas maîtriser une activité si on ne se donne pas la peine de l‘ apprendre pour ensuite pouvoir la pratiquer. Hegel va reprendre l’opinion commune et va mettre en avant une contradiction selon laquelle il n’y a pas le besoin de travailler pour faire de la philosophie. Mais pourquoi la philosophie ferait-elle exception à la règle ? Il va illustrer, ridiculiser cette contradiction en donnant l’exemple suivant : « si quiconque ayant des yeux et des doigts, à qui on fournit du cuir et un instrument, n’est pas pour cela en mesure de faire des souliers ».

Pour compléter son exemple, l’auteur va argumenter en disant que nous sommes dotés de raison naturelle, mais que cela ne suffit pas pour savoir immédiatement philosopher, ce qu’il veut dire en reprenant l’exemple qu’il a donné, c’est que ce n’est pas parce que l’on possède les outils pour faire des souliers que nous y arrivera immédiatement. Pour y arriver, il faut tout d’abord apprendre et ensuite travailler pour pouvoir enfin devenir cordonnier.

La philosophie n’a pas besoin d’être travaillé car nous possédons la raison naturelle, est le préjugé que nous avons, mais Hegel va critiquer ce préjuger  et répondre, qu’on ne s’impose pas philosophe sans prendre la peine d’apprendre et de pratiquer cette activité théorique, il y a tout un travail à faire.

TSTI2d. De la différence entre le plaisir de manger et le plaisir de la table

Brillat-Savarin 1755-1826

Le plaisir de manger est la sensation actuelle et directe d’un besoin qui se satisfait. Le plaisir de la table est la sensation réfléchie qui naît des diverses circonstances de faits, de lieux, de choses et de personnes qui accompagnent le repas.

Le plaisir de manger nous est commun avec les animaux ; il ne suppose que la faim et ce qu’il faut pour la satisfaire. Le plaisir de la table est particulier à l’espèce humaine ; il suppose des soins antécédents pour les apprêts du repas, pour le choix du lieu et le rassemblement des convives.

Le plaisir de manger exige, sinon la faim, au moins de l’appétit ; le plaisir de la table est le plus souvent indépendant de l’un et de l’autre. Ces deux états peuvent toujours s’observer dans nos festins.

Au premier service[1] […] chacun mange évidemment, sans parler, sans faire attention à ce qui peut être dit; et, quel que soit le rang qu’on occupe dans la société, on oublie tout pour n’être qu’un ouvrier de la grande manufacture[2]. Mais, quand le besoin commence à être satisfait, la réflexion naît, la conversation s’engage, un autre ordre de choses commence ; et celui qui, jusque-là, n’était que consommateur, devient convive plus ou moins aimable, suivant que le maître de toutes choses[3] lui en a dispensé les moyens. […]

D’ailleurs, on trouve souvent rassemblées autour de la même table toutes les modifications que l’extrême sociabilité a introduites parmi nous : l’amour, l’amitié, les affaires, […] l’ambition, l’intrigue ; voilà pourquoi le conviviat[4] touche à tout ; voilà pourquoi il produit des fruits de toutes les saveurs.

Jean-Anthelme Brillat-Savarin (1755 – 1826), Physiologie du goût (1825).

Questions

  1. Quel est le thème du texte ?
  2. A quelle question répond Brillat-Savarin dans ce texte ?
  3. Quelle en est sa réponse, c’est-à-dire quelle thèse soutient-il ?
  4. Comment Brillat-Savarin construit-il son argumentation ? Pour répondre à cette question, il conviendra d’étudier la structure logique du texte.
  5. Qu’est-ce qui dans ce texte mérite d’être expliqué ? Et expliquer !
  6. Qu’est-ce que ce texte donner à penser ? (Réflexion personnelle)

[1] Premier service: début du repas.

[2] Maître de toutes choses: Dieu.

[3] Ouvrier de la grande manufacture: expression ironique qui désigne celui qui mange pour calmer sa faim.

[4] Conviviat : la réunion des convives.

Alain. « Penser, c’est dire non. »

Image« Penser, c’est dire non. Remarquez que le signe du oui est d’un homme qui s’endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit non. Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n’est que l’apparence. En tous ces cas-là, c’est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l’heureux acquiescement. Elle se sépare d’elle-même. Elle combat contre elle-même. Il n’y a pas au monde d’autre combat. Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître de moi, c’est que je respecte au lieu d’examiner. Même une doctrine vraie, elle tombe au faux par cette somnolence. C’est par croire que les hommes sont esclaves. Réfléchir, c’est nier ce que l’on croit. Qui croit ne sait même plus ce qu’il croit. Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien. »

ALAIN, Propos sur les pouvoirs, « L’homme devant l’apparence« , 1924