Une société juste peut-elle accepter des inégalités ?
Sujet 3 :
Expliquez le texte suivant :
« Un credo(1) religieux diffère d’une théorie scientifique en ce qu’il prétend exprimer la vérité éternelle et absolument certaine, tandis que la science garde un caractère provisoire : elle s’attend à ce que des modifications de ses théories actuelles deviennent tôt ou tard nécessaires, et se rend compte que sa méthode est logiquement incapable d’arriver à une démonstration complète et définitive. Mais dans une science évoluée, les changements nécessaires ne servent généralement qu’à obtenir une exactitude légèrement plus grande ; les vieilles théories restent utilisables quand il s’agit d’approximations grossières, mais ne suffisent plus quand une observation plus minutieuse devient possible. En outre, les inventions techniques issues des vieilles théories continuent à témoigner que celles-ci possédaient un certain degré de vérité pratique, si l’on peut dire. La science nous incite donc à abandonner la recherche de la vérité absolue, et à y substituer ce qu’on peut appeler la vérité « technique », qui est le propre de toute théorie permettant de faire des inventions ou de prévoir l’avenir. La vérité « technique » est une affaire de degré : une théorie est d’autant plus vraie qu’elle donne naissance à un plus grand nombre d’inventions utiles et de prévisions exactes. La « connaissance » cesse d’être un miroir mental de l’univers, pour devenir un simple instrument à manipuler la matière. Mais ces implications de la méthode scientifique n’apparaissent pas aux pionniers de la science : ceux-ci, tout en utilisant une méthode nouvelle pour rechercher la vérité, continuaient à se faire de la vérité elle-même une idée aussi absolue que leurs adversaires théologiens (2).
RUSSEL, Science et religion, 1935
Notes :
(1) credo religieux : affirmation d’une croyance
(2) théologiens : ceux qui définissent le contenu de la croyance religieuse
Suffit-il de ne manquer de rien pour être heureux ?
Sujet 3
Expliquer le texte suivant :
« La langue est un instrument à penser. Les esprits que nous appelons paresseux, somnolents, inertes, sont vraisemblablement surtout incultes, et en ce sens qu’ils n’ont qu’un petit nombre de mots et d’expressions ; et c’est un trait de vulgarité bien frappant que l’emploi d’un mot à tout faire. Cette pauvreté est encore bien riche, comme les bavardages et les querelles le font voir ; toutefois la précipitation du débit et le retour des mêmes mots montrent bien que ce mécanisme n’est nullement dominé. L’expression « ne pas savoir ce qu’on dit » prend alors tout son sens. On observera ce bavardage dans tous les genres d’ivresse et de délire. Et je ne crois même point qu’il arrive à l’homme de déraisonner par d’autres causes ; l’emportement dans le discours fait de la folie avec des lieux communs. Aussi est-il vrai que le premier éclair de pensée, en tout homme et en tout enfant, est de trouver un sens à ce qu’il dit. Si étrange que cela soit, nous sommes dominés par la nécessité de parler sans savoir ce que nous allons dire ; et cet état sibyllin* est originaire en chacun ; l’enfant parle naturellement avant de penser, et il est compris des autres bien avant qu’il se comprenne lui-même. Penser c’est donc parler à soi. »
ALAIN, Humanités (1946)
* « sybillin » : dont le sens est obscur, énigmatique La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise
Une vérité scientifique peut-elle être approximative ?
Sujet 2
Peut-on être soi-même devant les autres ?
Sujet 3
« Le royaume de la liberté commence seulement là où l’on cesse de travailler par nécessité et opportunité imposée de l’extérieur ; il se situe donc, par nature, au-delà de la sphère de la production matérielle proprement dite. De même que l’homme primitif doit lutter contre la nature pour pourvoir à ses besoins, se maintenir en vie et se reproduire, l’homme civilisé est forcé, lui aussi, de le faire et de le faire quels que soient la structure de société et le mode de production. Avec son développement s’étend également le domaine de la nécessité naturelle, parce que les besoins augmentent ; mais en même temps s’élargissent les forces productives pour les satisfaire. En ce domaine, la seule liberté possible est que l’homme social, les producteurs associés, règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, qu’ils la contrôlent ensemble au lieu d’être dominés par sa puissance aveugle et qu’ils accomplissent ces échanges en dépensant le minimum de force et dans les conditions les plus dignes, les plus conformes à leur nature humaine. Mais cette activité constituera toujours le royaume de la nécessité. »
A la demande de certaines personnes, j’ouvre cet article sur le sujet suivant :
Le savant doit-il fuir l’incertitude ?
Nous sommes au début de l’année, et pour beaucoup d’élèves de terminale c’est le temps de produire leur première dissertation de philosophie. Et ce n’est pas parce que l’on en n’a jamais fait qu’il ne faut pas se lancer, il faut bien comme on dit une première fois. Il faut se lancer et savoir se mettre en danger, accepter l’idée qu’il s’agit d’une expérience de pensée et non une activité se contenter de suivre de manière scrupuleuse des recettes et des formules. Pour cela, il faut un certain courage, non pas parce que ce n’est pas facile, mais parce qu’il y a une implication forte de soi. « Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! » telle est la devise des Lumières selon Emmanuel Kant, telle doit être la devise de tout penseur, à commencer par l’élève-philosophe.
Donc, que l’on ne compte pas sur ce site pour avoir un prêt-à-penser, comme il existe un prêt-à-porter, qu’il suffirait de copier et de coller. Cet espace qui est ici ouvert dans ce PhiloBlog c’est un espace de mise en chantier, d’expérience de pensée. Et si possible un espace partagé !
Après un rappel de ces principes venons-en au sujet que l’on m’a suggéré. « Le savant doit-il fuir l’incertitude ? » Commençons par interroger le sujet pour savoir ce qu’il peut dire de lui-même. Il me semble qu’avant de chercher ailleurs, dans un cours, sur un site ou dans des livres, il convient en premier lieu de travailler le sujet pour en extraire ce qu’il peut vouloir impliquer.
COMPRENDRE LE SUJET
1°) Tout d’abord, quelle est ou quelles sont les notions du programme de philosophie auxquelles se réfère ce sujet ? Une première difficulté à ce niveau est déjà de pouvoir faire ce travail d’identification, puisque aucune n’apparaît en toute lettre. On peut cependant rapprocher les notions du sujet au moins d’une notion du programme. Laquelle, lesquelles ?
Une remarque : la plupart des sujets du baccalauréat aujourd’hui comporte directement une ou plusieurs notions au programme de la série présentée. Ce sujet offre donc une difficulté supplémentaire.
Toujours est-il qu’une fois la ou les notions repérées, il convient d’envisager tous les sens possibles sans faire de tri tout d’abord. Il sera temps ensuite de ne se réserver que les sens en fonction de leur pertinence à l’égard du sujet.
2°) Il faut s’interroger sur le sens des autres notions, ici « savant » et « incertitude ».
3°) Une attention toute particulière doit être portée sur ce qui articule les notions du sujet. Ici, « doit fuir » articule savant et incertitude ; « doit fuir » est un groupe verbal comportant deux notions qui devront être traitées comme telles : la notion de « devoir » et la notion de « fuite ». En outre, remarquons les articles, notamment « LE savant » et non « UN savant », ni « être savant ».
4°) Le sujet nous interroge sur la démarche même du savant, son attitude, son devoir ? Que doit faire le savant ? Mais pour quoi faire justement ? Pour être savant précisément ou pour le demeurer. Donc pour commencer il convient de s’interroger sur ce qu’est-ce qu’un savant et sur son attitude. Un savant c’est celui qui sait littéralement parlant. Un savant est celui qui en principe possède le savoir. Qu’est-ce que savoir ? Qu’est-ce que le savoir ? Le sujet semble suggérer que le savoir est un ensemble de certitudes. A moins que le savoir ne soit pas nécessairement vrai !
Si un savant est celui qui possède le savoir, il peut paraître étrange de vouloir s’interroger sur son attitude. Dès lors, en effet, que l’on possède le savoir il semble incongru de se demander s’il doit fuir l’incertitude car en principe du fait même qu’il possède le savoir il se tient loin de toute incertitude, son savoir étant certitude. Le savant n’est-il pas celui qui se contente de contempler la certitude ?
Quelle attitude le savant doit il avoir face à l’incertitude ? En quoi fuir l’incertitude peut-il être un devoir pour le savant ? La fuir comme si c’était la peste ? Ne devrait-il pas plutôt s’y confronter ? Ne peut-elle pas jouer un rôle dans l’acte même de savoir ?
Après cette première étape nous tâcherons de problématiser.
Dans l’attente de nos échanges…
Toute contribution devra faire l’effort d’être correct tant sur la plan de l’expression que du comportement.
Pourquoi ne pas réviser la philosophie en vous entraînant sur ce sujet, proposé aux élèves de la série ES, au Liban, dans le cadre du baccalauréat 2014 ?
Quel est le problème dont il est question dans ce sujet ? Et quelle démarche pourriez-vous proposer ?
Vous pouvez en commentaire lien leave a comment , proposer des formulations de problèmes, vos réflexions, …. ou même vos questions…