Bac 2016. Les sujets de philo d’Amérique du nord pour la Série L

Sujet 1

Une vérité scientifique peut-elle être approximative ?

Sujet 2

Peut-on être soi-même devant les autres ?

Sujet 3

« Le royaume de la liberté commence seulement là où l’on cesse de travailler par nécessité et opportunité imposée de l’extérieur ; il se situe donc, par nature, au-delà de la sphère de la production matérielle proprement dite. De même que l’homme primitif doit lutter contre la nature pour pourvoir à ses besoins, se maintenir en vie et se reproduire, l’homme civilisé est forcé, lui aussi, de le faire et de le faire quels que soient la structure de société et le mode de production. Avec son développement s’étend également le domaine de la nécessité naturelle, parce que les besoins augmentent ; mais en même temps s’élargissent les forces productives pour les satisfaire. En ce domaine, la seule liberté possible est que l’homme social, les producteurs associés, règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, qu’ils la contrôlent ensemble au lieu d’être dominés par sa puissance aveugle et qu’ils accomplissent ces échanges en dépensant le minimum de force et dans les conditions les plus dignes, les plus conformes à leur nature humaine. Mais cette activité constituera toujours le royaume de la nécessité. »

Karl MARX, Le Capital (1867)

BAC 2016. Les sujets de philo d’Amérique du Nord pour la Série S

Sujet 1

Travailler est-ce seulement mettre en oeuvre des techniques ?

Sujet 2

Peut-on ne pas admettre la vérité ?

Sujet 3

Le gouvernement arbitraire d’un prince juste et éclairé est toujours mauvais. Ses vertus sont la plus dangereuse et la plus sûre des séductions: elles accoutument insensiblement un peuple à aimer, à respecter, à servir son successeur quel qu’il soit, méchant et stupide. Il enlève au peuple le droit de délibérer, de vouloir ou ne vouloir pas, de s’opposer même à sa volonté, lorsqu’il ordonne le bien ; cependant ce droit d’opposition, tout insensé qu’il est, est sacré: sans quoi les sujets ressemblent à un troupeau dont on méprise la réclamation, sous prétexte qu’on le conduit dans de gras pâturages. En gouvernant selon son bon plaisir, le tyran comment le plus grand des forfaits. Qu’est ce qui caractérise le despote ? Est-ce la bonté ou la méchanceté ? Nullement ; ces deux notions n’entrent pas seulement(1) dans sa définition. C’est l’étendue et non l’usage de l’autorité qu’il s’arroge. Un des plus grand malheurs qui pût(2) arriver à une nation, ce seraient deux ou trois règnes d’une puissance juste, douce, éclairée, mais arbitraire : les peuples seraient conduit par le bonheur à l’oubli complet de leurs privilèges, au plus parfait esclavage. »

Denis DIDEROT, Réfutation suivie de l’ouvrage d’Helvétius (1783-1786)

Notes

(1) « pas seulement » = pas du tout

(2) « qui pût » = qui pourrait

TL. Ultime devoir type bac avant l’examen

 

BAC-BLANC de PHILOSOPHIE

Série S

 

SUJET 1

Une technique est-elle bonne parce qu’elle est efficace ?

SUJET 2

Faut-il considérer le travail comme un mal nécessaire ?

SUJET 3

« La plus ancienne de toutes les sociétés et la seule naturelle est celle de la famille. Encore les enfants ne restent-ils liés au père qu’aussi longtemps qu’ils ont besoin de lui pour se conserver. Sitôt que ce besoin cesse, le lien naturel se dissout. Les enfants, exempts de l’obéissance qu’ils devaient au père, le père, exempt des soins qu’il devait aux enfants, rentrent tous également dans l’indépendance. S’ils continuent de rester unis, ce n’est plus naturellement, c’est volontairement, et la famille elle-même ne se maintient que par convention.

Cette liberté commune est une conséquence de la nature de l’homme. Sa première loi est de veiller à sa propre conservation, ses premiers soins sont ceux qu’il se doit à lui-même, et, sitôt qu’il est en âge de raison, lui seul étant juge des moyens propres à se conserver devient par là son propre maître.

La famille est donc, si l’on veut, le premier modèle des sociétés politiques ; le chef est l’image du père, le peuple est l’image des enfants, et tous étant nés égaux et libres n’aliènent leur liberté que pour leur utilité. Toute la différence est que, dans la famille, l’amour du père pour ses enfants le paye des soins qu’il leur rend, et que, dans l’État, le plaisir de commander supplée à cet amour que le chef n’a pas pour ses peuples. »

ROUSSEAU, Contrat social

TS. Réflexion sur la notion de culture

Nous abordons la notion de culture. Il s’agit d’une préparation au cours qui aura lieu en amphi prochainement, « L’homme comme un être de culture » et qui correspondra après « L’homme comme sujet », à la deuxième grande partie du cours de philosophie.

Nous avons, durant une heure, causé plutôt librement sur cette notion en suivant la « logique » de la simple juxtaposition d’idées ou méthode de libre-association. Les cartes heuristiques ci-dessous donnent à voir le paysage des idées qui ont été évoquées.

La culture ts1

« Culture » a fait immédiatement penser à la tradition et quelque chose qui se transmet de générations en générations, à ce qui est de l’ordre de l’histoire, une histoire commune dans laquelle on se reconnaît, et, de l’ordre de mode d’existence ou manière de vivre commune. A partir de là, il est apparu plusieurs points importants : la culture concerne l’homme, elle le définit en tant qu’homme ; il existe une pluralité de cultures, ce qui signifie que chaque culture a sa particularité propre ; il existe aussi un sens particulier de culture lorsqu’on parle de « culture générale ».

La culture ts2

La culture concerne l’homme, cela semble une évidence. Encore que le doute puisse être permis lorsqu’on pense à certains animaux comme les dauphins qui apprennent à partir d’expériences, communiquent et transmettent ce qu’ils ont appris. Peut-on alors parler de culture chez l’animal ? Cependant si le doute est permis, l’animal reste un animal de la nature, si l’on entend par là, l’ensemble des instincts et des dispositions naturelles. L’animal est adapté naturellement à son milieu, il est comme programmé pour l’être. La nature est l’ensemble de ce qui est inné, par opposition à la culture qui est l’ensemble de ce qui est acquis, appris. Toute la question est de savoir quelles sont les parts de l’inné et de l’acquis chez l’homme ? Sans nier la part du physiologique, du biologique et du génétique, ce qui fait que l’homme est l’homme et non pas simplement animal provient surtout de la transmission et de la culture. D’où l’importance chez l’homme de l’éducation.

La culture concerne l’homme, elle est sa condition. En effet, d’une part, la nature semble très peu hospitalière à l’homme et d’autre part, ces dispositions naturelles apparaissent bien pauvres pour lui permettre à elles seules de survivre. Sa survie , il la doit au travail, c’est-à-dire à l’effort de transformation de la nature. C’est en cultivant la terre, c’est en développant les techniques de chasse et de pêche qu’il peut se nourrir.

L’homme est un être de culture en tant qu’il est un être de parole et de technique. Le langage apparaissent comme des éléments importants de la culture. Mais il ne faudrait pas oublier, l’art, l’histoire et la religion. On voit par là que l’homme s’inscrit contre la nature. Langage, technique, art, religion sont culturels par excellence, ils sont inventés par l’homme et se transmettent de générations en générations, à travers l’histoire.

La culture ts3

Si l’homme est un être de culture, que la culture est sa propre condition, un point important nous apparu c’est celui de constater que la culture apparaît dans une grande diversité et que chaque culture se singularise d’une autre dans le temps et l’espace. L’histoire révèle cette multiplicité de cultures singulières et aujourd’hui, on peut constater cette diversité.

On reconnaît une culture, sa singularité par sa langue, les croyances, les croyances, les moeurs, les coutumes et habitude. Chaque culture a chaque propre conception du monde.

La culture ts4

Nous avons également évoqué un sens qui apparaît un peu particulier : culture au sens de connaissance, lorsqu’on dit qu’un homme est cultivé ou qu’il a de la culture.

Voilà en ce qui concerne la synthèse de notre réflexion pour l’instant.

Quelques pistes pour aller plus loin.

Si pour l’instant, notre pensée est en chantier, quelques pistes, sans doute parmi d’autres, s’offrent déjà à notre réflexion.

  1. Quelles sont les parts de la nature et de la culture chez l’homme ? Est-il homme par nature ou bien le devient-il par l’éducation ? Comment comprendre le passage de la nature à la culture chez l’homme ? Y a-t-il eu et y a-t-il des hommes naturelles ? L’homme à l’état de nature, est-il un mythe ou une réalité ? Que serait l’homme sans éducation, sans les apports de la culture ?

    Mowgli
    Mowgli, l’enfant sauvage dans la fiction « Le livre de la jungle » de Rudyard Kipling
  2. Si l’homme a dû oeuvrer contre la nature pour des raisons de survie, ne va-t-il pas trop loin aujourd’hui dans son intervention ? L’environnement naturel n’est-il pas menacé par toutes les activités humaines ? L’homme initialement le plus démuni du point de vue dispositions naturelles, en développant sa puissance est devenu le prédateur par excellence ?
  3. La pluralité des cultures n’empêche-t-elle pas la bonne entente entre les hommes ? Ne peut-on pas expliquer un certain nombre de conflits et de guerre par l’incompréhension entre cultures ? Peut-on comparer les différentes cultures entre elles ? A-t-on le droit de juger la culture de l’autre ?
  4. Doit-on confondre un homme cultivé et un homme érudit ?
  5. Une remarque : nous n’avons pas évoqué l’idée de la culture comme ce qui s’oppose à la sauvagerie, à la barbarie ; nous n’avons pas insisté sur l’idée de la culture comme acte civilisateur. Nous n’en étions pas loin lorsque nous nous parlions de transmission et d’éducation. La question est ici de savoir si la culture nous permet d’échapper à la barbarie.

Hegel. La philosophie comme « une affaire sérieuse »

Hegel 1770-1831

« Il paraît particulièrement nécessaire de faire de nouveau de la philosophie une affaire sérieuse. Pour toutes les sciences, les arts, les talents, les techniques prévaut la conviction qu’on ne les possède pas sans se donner la peine et sans faire l’effort de les apprendre et de les pratiquer. Si quiconque ayant des yeux et des doigts, à qui on fournit du cuir et un instrument, n’est pas pour cela en mesure de faire des souliers, de nos jours domine le préjugé selon lequel chacun sait immédiatement philosopher et apprécier la philosophie puisqu’il possède l’unité de, mesure nécessaire dans sa raison naturelle – comme si chacun ne possédait pas aussi dans son pied la mesure d’un soulier -. II semble que l’on fait consister proprement la possession de la philosophie dans le manque de connaissances et d’études, et que celles-ci finissent quand la philosophie commence. »

Hegel, Préface à la phénoménologie de l’Esprit, préface, 1807

Sur quoi porte le texte ? Et à quelle question répond Hegel dans ce texte ? Quelle en est la réponse ? Comment l’auteur a t-il construit son argumentation ?

Travail réalisé par Yorgan de TL

Le thème de ce texte est la philosophie, car Hegel dit que pour faire de la philosophie, il ne faut pas y avoir de préjugé (consiste à philosopher sans apprentissage) il faut y avoir un apprentissage pour la pratiquer.

Tout le monde peut il philosopher ?

Et Hegel dit que pour philosopher, il faut y avoir une préparation.

De quelle manière peut-on faire de la philosophie ? Hegel dit que pour faire de la philosophie, il faut avoir un apprentissage.

« Il faut faire de nouveau de la philosophie une affaire sérieuse. » première phrase.

Dans une 1ère  partie : il y a l’expression d’une thèse. La philosophie est une affaire sérieuse. Il l’énonce comme le rappel d’une exigence qu’on semble avoir oublié sur la philosophie. Dans la 2ème  partie : Hegel dit pourquoi l’on doit faire de la philosophie une affaire sérieuse. Dans la 3ème  partie : il montre tout le ridicule qu’il y a à penser spontanément, il ridiculise cette opinion. Il dit aussi que la raison est un élément essentiel pour philosopher. Tout cela met en avant l’argument qui fonde le préjugé.Et dans la fin du texte : il termine en appuyant sur le ridicule de cette opinion.

Travail rédigée par Stéphane de TES

Ce texte philosophique de Hegel parle de la philosophie. Hegel qui est un philosophe, va dans son texte répondre à la question générale qui est : Comment philosopher ? Pour y répondre, il va critiquer les préjugés, les opinions que nous pouvons avoir sur la philosophie.

La première phrase du texte qui dit «il est nécessaire de faire de nouveau de la philosophie une affaire sérieuse », est la thèse de l’auteur qu’il a d’ailleurs formulée de manière elliptique. En général Hegel dit, qu’il est important de faire sérieusement de la philosophie, on ne peut pas faire autrement, d’où la notion de «nécessité » c’est donc une obligation. Dans sa thèse, on a aussi l’impression qu’il veut nous rappeler une exigence que l’on a oublié sur la philosophie, car maintenant on considère cette pratique comme chose légère.

Dans la suite du texte, l’opinion commune dit que pour n’importe quelle activité il faut travailler, qu’on ne peut pas maîtriser une activité si on ne se donne pas la peine de l‘ apprendre pour ensuite pouvoir la pratiquer. Hegel va reprendre l’opinion commune et va mettre en avant une contradiction selon laquelle il n’y a pas le besoin de travailler pour faire de la philosophie. Mais pourquoi la philosophie ferait-elle exception à la règle ? Il va illustrer, ridiculiser cette contradiction en donnant l’exemple suivant : « si quiconque ayant des yeux et des doigts, à qui on fournit du cuir et un instrument, n’est pas pour cela en mesure de faire des souliers ».

Pour compléter son exemple, l’auteur va argumenter en disant que nous sommes dotés de raison naturelle, mais que cela ne suffit pas pour savoir immédiatement philosopher, ce qu’il veut dire en reprenant l’exemple qu’il a donné, c’est que ce n’est pas parce que l’on possède les outils pour faire des souliers que nous y arrivera immédiatement. Pour y arriver, il faut tout d’abord apprendre et ensuite travailler pour pouvoir enfin devenir cordonnier.

La philosophie n’a pas besoin d’être travaillé car nous possédons la raison naturelle, est le préjugé que nous avons, mais Hegel va critiquer ce préjuger  et répondre, qu’on ne s’impose pas philosophe sans prendre la peine d’apprendre et de pratiquer cette activité théorique, il y a tout un travail à faire.