BAC PHILO 2016. Les sujets du Liban pour la série ES

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Sujet 1 :

Suis-je l’esclave de mes désirs ?

Sujet 2 :

Une société juste peut-elle accepter des inégalités ?

Sujet 3 :

Expliquez le texte suivant :
« Un credo(1) religieux diffère d’une théorie scientifique en ce qu’il prétend exprimer la vérité éternelle et absolument certaine, tandis que la science garde un caractère provisoire : elle s’attend à ce que des modifications de ses théories actuelles deviennent tôt ou tard nécessaires, et se rend compte que sa méthode est logiquement incapable d’arriver à une démonstration complète et définitive. Mais dans une science évoluée, les changements nécessaires ne servent généralement qu’à obtenir une exactitude légèrement plus grande ; les vieilles théories restent utilisables quand il s’agit d’approximations grossières, mais ne suffisent plus quand une observation plus minutieuse devient possible. En outre, les inventions techniques issues des vieilles théories continuent à témoigner que celles-ci possédaient un certain degré de vérité pratique, si l’on peut dire. La science nous incite donc à abandonner la recherche de la vérité absolue, et à y substituer ce qu’on peut appeler la vérité « technique », qui est le propre de toute théorie permettant de faire des inventions ou de prévoir l’avenir. La vérité « technique » est une affaire de degré : une théorie est d’autant plus vraie qu’elle donne naissance à un plus grand nombre d’inventions utiles et de prévisions exactes. La « connaissance » cesse d’être un miroir mental de l’univers, pour devenir un simple instrument à manipuler la matière. Mais ces implications de la méthode scientifique n’apparaissent pas aux pionniers de la science : ceux-ci, tout en utilisant une méthode nouvelle pour rechercher la vérité, continuaient à se faire de la vérité elle-même une idée aussi absolue que leurs adversaires théologiens (2).

RUSSEL, Science et religion, 1935

Notes :

(1) credo religieux : affirmation d’une croyance
(2) théologiens : ceux qui définissent le contenu de la croyance religieuse


BAC PHILO 2016. Les sujets du Liban pour la série S

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Sujet 1 :

Sait-on ce qu’on désire ?

Sujet 2 :

L’esprit dépend-il de la matière ?

Sujet 3 :

Expliquez le texte suivant :
« Tout ce qui donne sa valeur à notre existence repose sur les restrictions posées aux actions d’autrui. Il est donc nécessaire d’imposer certaines règles de conduite, par la loi d’abord ; puis, pour les nombreuses questions qui ne sont pas de son ressort, par l’opinion. Ce que doivent être ces règles est le problème majeur des sociétés humaines. C’est un problème qui n’a pas encore trouvé de solution véritable. Il n’y a pas deux époques, voire deux pays, qui l’aient tranché de la même façon ; et la solution adoptée par une époque ou un pays donné a toujours été une source d’étonnement pour les autres. Pourtant, l’humanité n’a jamais accordé à ce problème qu’une attention limitée, comme s’il y avait toujours eu consensus sur la question. Les règles qui ont cours dans les différents pays sont si évidentes pour leurs habitants qu’elles semblent naturelles. Cette illusion universelle est un exemple de l’influence magique de l’habitude qui (…), non seulement devient une seconde nature, mais se confond constamment avec la première. La coutume, qui neutralise toute critique éventuelle des règles de conduite que l’humanité s’impose à elle-même, est une arme d’autant plus efficace que nul n’éprouve généralement le besoin de la remettre en question, que ce soit collectivement ou individuellement. »

MILL, De la liberté (1959)

BAC PHILO 2016. Les sujets de Polynésie pour la série ES

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Sujet 1

Est-il souhaitable de pouvoir satisfaire tous ses désirs ?

Sujet 2

Toute vérité est-elle vérifiable ?

Sujet 3

Expliquez le texte suivant :
« La société applique les décisions qu’elle prend. Si elle en prend de mauvaises, si elle veut ce faisant s’ingérer dans des affaires qui ne sont pas de son ressort, elle pratique une tyrannie sociale d’une ampleur nouvelle – différente des formes d’oppression politique qui s’imposent à coups de sanctions pénales – tyrannie qui laisse d’autant moins d’échappatoire qu’elle va jusqu’à se glisser dans les plus petits détails de la vie, asservissant ainsi l’âme elle-même. Se protéger contre la tyrannie du magistrat ne suffit donc pas. Il faut aussi se protéger contre la tyrannie de l’opinion et du sentiment dominants, contre la tendance de la société à imposer, par d’autres moyens que les sanctions pénales, ses propres idées et ses propres pratiques comme règles de conduite à ceux qui ne seraient pas de son avis.
Il faut encore se protéger contre sa tendance à entraver le développement – sinon à empêcher la formation – de toute individualité qui ne serait pas en harmonie avec ses moeurs et à façonner tous les caractères sur un modèle préétabli. Il existe une limite à l’ingérence légitime de l’opinion collective dans l’indépendance individuelle : trouver cette limite – et la défendre contre tout empiétement éventuel – est tout aussi indispensable à la bonne marche des affaires humaines que se protéger contre le despotisme politique. »

John Stuart MILL, De la Liberté (1859)


BAC PHILO 2016. Les sujets de philosophie de Polynésie pour la série S.

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Sujet 1

Pourquoi les oeuvres d’art nous séduisent-elles ?

Sujet 2

Puis-je me tromper sur mes droits ?

Sujet 3

Expliquer le texte suivant :
Le mouvement de notre corps fait suite au commandement de notre volonté. De cela, nous sommes à tout moment conscients. Mais le moyen par lequel ce résultat est obtenu, l’énergie qui accomplit une opération aussi extraordinaire, c’est de quoi nous sommes si loin d’être immédiatement conscients qu’il faut que cela échappe à jamais à nos recherches les plus diligentes(1).
Car, premièrement, y a-t-il dans toute la nature un principe plus mystérieux que l’union de l’âme et du corps, principe par lequel une substance qui est supposée spirituelle acquiert une telle influence sur une substance matérielle que la pensée la plus subtile est capable de mettre en branle la matière la plus grossière ? Si nous avions le pouvoir, par un voeu secret, de déplacer les montagnes ou de contrôler l’orbite des planètes, cet empire étendu ne serait pas plus extraordinaire ni plus incompréhensible. Mais si la conscience nous faisait apercevoir dans la volonté une énergie ou un pouvoir, nous devrions connaître ce pouvoir ; nous devrions connaître sa liaison avec l’effet ; nous devrions connaître l’union secrète de l’âme et du corps et la nature de ces deux substances, par où l’une est capable d’agir sur l’autre en tant d’exemples.
Deuxièmement, nous ne sommes pas capables de mouvoir tous les organes de notre corps avec une pareille autorité ; et l’expérience est la seule raison que nous puissions invoquer pour une différence aussi remarquable. Pourquoi la volonté a-telle une influence sur la langue et sur les doigts, et non sur le coeur ou sur le foie ? Cette question n’aurait rien d’embarrassant si nous avions dans le premier cas la conscience d’un pouvoir faisant défaut dans le second.

David HUME, Enquête sur l’entendement humain (1748)

(1) Diligentes : développées et perspicaces La connaissance


 

BAC 2016. Les sujets de philosophie pour la série L. Polynésie

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Sujet 1

La politique est-elle une science ?

Sujet 2

Suffit-il de ne manquer de rien pour être heureux ?

Sujet 3

Expliquer le texte suivant :
« La langue est un instrument à penser. Les esprits que nous appelons paresseux, somnolents, inertes, sont vraisemblablement surtout incultes, et en ce sens qu’ils n’ont qu’un petit nombre de mots et d’expressions ; et c’est un trait de vulgarité bien frappant que l’emploi d’un mot à tout faire. Cette pauvreté est encore bien riche, comme les bavardages et les querelles le font voir ; toutefois la précipitation du débit et le retour des mêmes mots montrent bien que ce mécanisme n’est nullement dominé. L’expression « ne pas savoir ce qu’on dit » prend alors tout son sens. On observera ce bavardage dans tous les genres d’ivresse et de délire. Et je ne crois même point qu’il arrive à l’homme de déraisonner par d’autres causes ; l’emportement dans le discours fait de la folie avec des lieux communs. Aussi est-il vrai que le premier éclair de pensée, en tout homme et en tout enfant, est de trouver un sens à ce qu’il dit. Si étrange que cela soit, nous sommes dominés par la nécessité de parler sans savoir ce que nous allons dire ; et cet état sibyllin* est originaire en chacun ; l’enfant parle naturellement avant de penser, et il est compris des autres bien avant qu’il se comprenne lui-même. Penser c’est donc parler à soi. »

ALAIN, Humanités (1946)

* « sybillin » : dont le sens est obscur, énigmatique La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise

TS. Ne désire-t-on que ce qui est bon ?

Ce qui est bon, n’est-il pas en fait ce que l’on estime bon. Comment savoir que ce que nous prenons comme bon l’est vraiment ? Réflexion sur la valeur de vérité de l’objet du désir estimé bon. Ce qu’on désire est-il nécessairement bon ? Mais tout pourquoi désire-t-on ce qu’on estime bon ? et ce que l’on estime bon ne peut-il pas ne pas l’être ? peut-on même aller jusqu’à désirer ce que l’on estime mauvais, mal ?

I. Pourquoi désire-t-on ce qu’on estime bon ?

  1. Ce qui est bon est ce qu’on estime nécessaire à la survie : il est bon de manger quand on a faim et de boire quand on a soif. Mais ici le désir n’est-il pas confondu avec le simple besoin vital ?
  2. Ce qui est bon est ce qu’on estime nécessaire au bonheur : généralement on désire ce que l’on n’a pas et dont imagine la satisfaction comme source du bonheur. On voit mal comment être heureux sans l’obtention de ce que l’on désire.
  3. Mais ne désire-t-on que cela ? En effet, ne désire-t-on pas parfois ce qu’on estime bon mais qui en réalité ne l’est pas ou encore ne désire-t-on pas ce qui est mauvais parce qu’en fait on ne procède à aucune estimation ? En d’autres termes, n’arrive-t-il pas que l’on se trompe dans l’estimation de ce qui est bon ? et procède-t-on à chaque fois à une évaluation à une estimation de chaque chose que l’on désire ?

II. Ce qu’on estime bon peut ne pas l’être.

  1. On désire ce que l’on estime bon mais qui en réalité ne l’est pas : il y a une divergence entre croire et savoir, entre l’opinion et la connaissance. L’estimation fondée sur l’opinion et sur la croyance peut être fausse.
  2. On désire ce que l’on désire sans procéder à une estimation de l’objet désirer : certains désirs étant inconscients, il n’y a donc aucune estimation faite de leur objet. La conscience n’est ici que le témoin d’un processus inconscient qui lui échappe.
  3. On ne choisit pas ses désirs et de ce fait, il apparaît possible de désirer ce que l’on estime pourtant mauvais.

III. Il est possible de désirer ce que l’on estime mauvais

  1. Le désir se distingue de la volonté, et l’on peut désirer ce que l’on ne veut pas : la volonté peut être impuissante face à la force du désir.
  2. La volonté peut devenir l’allier du désir : on finit par vouloir ce que l’on désire quand bien même ce qui est désiré est de l’ordre du vice. C’est parce que c’est mal qu’on le désire. Le désir de faire mal par exemple. (cf. le sadisme et le masochisme) Le concept de fascination. Vouloir ce qu’on désire. Mais ici une chose devient bonne parce qu’on la désire, quand bien même elle serait mauvaise, surtout quand bien même on la sait mauvaise.
  3. Mais, on peut vivre en soi une situation de conflit entre un désir harcelant vers un vice que l’on exècre et une vertu que l’on vise. Ne pas vouloir ce qu’on désire. Chercher les moyens d’une maîtrise de soi ?

Vers un dépassement du conflit vouloir une vertu / désirer un vice ou bien alors une acceptation de ce que l’on est au fond (Nietzsche). Le bien ?

65 sujets sur le désirs

L’exercice consistait à regrouper les sujets selon des problématiques communes ou ressemblantes. L’essentiel était de justifier les rapprochements ou les oppositions et de toujours montrer la problématique en question.

1 Accomplir tous ses désirs, est-ce une bonne règle de vie ?
2 Faut-il ne désirer que ce qui est accessible ?
3 Le désir de savoir est-il comblé par la science ?
4 Le désir nous rend-il déraisonnable ?
5 L’objet du désir en est-il la cause ?
6 Nos désirs peuvent-ils être comblés ?
7 Peut-on tout désirer à la fois ?
8 Suffit-il d’avoir ce que l’on désire pour être heureux ?
9 Est-il absurde de désirer l’impossible ?
10 La liberté requiert-elle l’extinction du désir ?
11 Le désir est-il par nature immoral ?
12 Le sujet peut-il échapper à ses désirs ?
13 Ne désirons-nous que ce qui nous manque ?
14 Peut-on désirer ce que l’on possède déjà ?
15 Pouvons-nous faire coïncider nos désirs avec nos devoirs ?
16 Y a-t-il de faux désirs ?
17 Agir moralement, est-ce nécessairement lutter contre ses désirs ?
18 Désirer, est-ce nécessairement souffrir ?
19 Est-ce le désir de vivre ensemble qui est au fondement des sociétés ?
20 Est-il possible de vivre sans désirs ?
21 Faut-il se méfier de ses désirs ?
22 Le bonheur consiste-t-il à ne plus rien désirer ?
23 Le désir est-il la marque de la misère de l’homme ?
24 Le désir peut-il être comblé ?
25 Les hommes savent-ils ce qu’ils désirent ?
26 Ne désire-t-on que ce que désire autrui ?
27 Nos désirs nous égarent-ils ?
28 Peut-on désirer ce qu’on ne connaît pas ?
29 Pourquoi désirer ce qui n’est pas nécessaire ?
30 Sait-on ce qu’on désire ?
31 Un désir peut-il être coupable ?
32 Est-il raisonnable de vouloir maîtriser tous ses désirs ?
33 Faire son devoir exclut-il tout plaisir ?
34 Faut-il hiérarchiser les désirs ?
35 Faut-il renoncer à ses désirs pour être libre ?
36 Le désir de liberté peut-il conduire à perdre sa liberté ?
37 Le désir fait-il de nous des sujets ?
38 Le désir suppose-t-il autrui ?
39 Ne désire-t-on que ce dont on manque ?
40 Nos désirs s’expliquent-ils seulement par la recherche du plaisir ?
41 Peut-on désirer savoir pour savoir ?
42 Puis-je toujours exprimer ce que je désire ?
43 Tout désir est-il tyrannique ?
44 La force de notre volonté est-elle autre chose que celle de nos désirs ?
45 La liberté est-elle toujours désirable ?
46 Le désir est-il aveugle ?
47 Le désir peut-il se satisfaire de la réalité ?
48 Ne désire-t-on que ce qui a de la valeur pour autrui ?
49 Peut-on cesser de désirer ?
50 Pourquoi désire-t-on savoir ?
51 Tous nos désirs sont-ils personnels ?
52 Y a-t-il des désirs naturels ?
53 Y a-t-il un sens à parler de désirs inconscients ?
54 Satisfaire ses désirs peut-il rendre malheureux ?
55 Peut-on désirer travailler ?
56 Nos désirs nous appartiennent-ils ?
57 La raison s’oppose-t-elle nécessairement au désir ?
58 La science relève-t-elle du seul désir de vérité ?
59 Le désir de savoir est-il naturel ?
60 Le désir déforme-t-il notre perception du réel ?
69 Le désir est-il un obstacle à la liberté ?
73 Le désir nous condamne-t-il à l’insatisfaction ?
68 Le désir nous éloigne-t-il d’autrui ?
70 Le désir peut-il être désintéressé ?
61 Les exigences de la morale sont-elles compatibles avec nos désirs ?
74 L’hypothèse de l’inconscient rend-elle inutile la recherche d’une maîtrise des désirs ?
76 L’interdit est-il ennemi du désir ?
67 Mes désirs m’appartiennent-ils ?
71 Ne désirons-nous que les choses que nous estimons bonnes ?
62 Nos désirs font-ils obstacle à notre liberté ?
75 Peut-il exister des désirs naturels ?
77 Peut-on désirer autre chose que l’impossible ?
66 Peut-on désirer sans souffrir ?
72 Peut-on vouloir ce qu’on ne désire pas ?
63 Pourrait-on désirer si rien n’était interdit ?
64 Répondre à un désir, est-ce nécessairement le satisfaire ?
65 Suis-je l’esclave de mes désirs ?

 

Schopenhauer. Pourquoi le bonheur fondé sur le désir est-il impossible ?

« Tout vouloir procède d’un besoin, c’est-à-dire d’une privation, c’est-à-dire d’une souffrance. La satisfaction y met fin ; mais pour un désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés ; de plus le désir est long et ses exigences tendent à l’infini ; la satisfaction est courte et elle est parcimonieusement mesurée. Mais ce contentement suprême n’est lui-même qu’apparent ; le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir ; le premier est une déception reconnue, le second est une déception non encore reconnue. La satisfaction d’aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable. C’est comme l’aumône qu’on jette à un mendiant : elle lui sauve aujourd’hui la vie pour prolonger sa misère jusqu’à demain.  – Tant que notre conscience est remplie par notre volonté, tant que nous sommes asservis à la pulsion du désir, aux espérances et aux craintes continuelles qu’il fait naître, tant que nous sommes sujets du vouloir, il n’y a pour nous ni bonheur durable, ni repos. Poursuivre ou fuir, craindre le malheur ou chercher la jouissance, c’est en réalité tout un ; l’inquiétude d’une volonté toujours exigeante, sous quelque forme qu’elle se manifeste, emplit et trouble sans cesse la conscience ; or sans repos le véritable bonheur est impossible. Ainsi le sujet du vouloir ressemble à Ixion attaché sur une roue qui ne cesse de tourner, aux Danaïdes qui puisent toujours pour emplir leur tonneau, à Tantale éternellement altéré ».

Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation (1818)

1. Travail préparatoire à l’etude du texte schopenhauer

2. Exemple d’une explication du texte de Schopenhauer