TL. Travail préparatoire à l’étude de texte

Pour mardi 25 septembre 2012

Faire le travail préparatoire à l’étude de texte et proposer une introduction.

Texte proposé : extrait des Méditations cartésiennes de Husserl : « Quiconque veut vraiment devenir philosophe devra => Voeu de pauvreté en matière de connaissance »

Rappel : le travail préparatoire consiste à repérer le thème, de rédiger la question à laquelle Husserl répond et sa réponse en extrayant une citation exprimant le mieux son idée. On prendra soin de travailler la structure logique afin de dégager de manière détaillée l’argumentation du texte. Si possible, rédiger la ou les positions opposées à celle de l’auteur. Pour finir, et c’est un  travail très important, il conviendra d’expliquer tout ce qui mérite d’être expliqué.

La philosophie comme l’affaire personnelle du philosophe

Husserl 1859-1938

« Quiconque veut vraiment devenir philosophe devra « une fois dans sa vie » se replier sur soi-même et, au-dedans de soi, tenter de renverser toutes les sciences admises jusqu’ici et tenter de les reconstruire. La philosophie – la sagesse – est en quelque sorte une affaire personnelle du philosophe. Elle doit se constituer en tant que sienne, être sa sagesse, son savoir qui, bien qu’il tende vers l’universel, soit acquis par lui et qu’il doit pouvoir justifier dès l’origine et à chacune de ses étapes, en s’appuyant sur ses intuitions absolues. Du moment que j’ai pris la décision de tendre vers cette fin, décision qui seule peut m’amener à la vie et au développement philosophiques, j’ai donc par là même fait le vœu de pauvreté en matière de connaissance. »

Husserl, Méditations cartésiennes,1931

TSTI2d. De la différence entre le plaisir de manger et le plaisir de la table

Brillat-Savarin 1755-1826

Le plaisir de manger est la sensation actuelle et directe d’un besoin qui se satisfait. Le plaisir de la table est la sensation réfléchie qui naît des diverses circonstances de faits, de lieux, de choses et de personnes qui accompagnent le repas.

Le plaisir de manger nous est commun avec les animaux ; il ne suppose que la faim et ce qu’il faut pour la satisfaire. Le plaisir de la table est particulier à l’espèce humaine ; il suppose des soins antécédents pour les apprêts du repas, pour le choix du lieu et le rassemblement des convives.

Le plaisir de manger exige, sinon la faim, au moins de l’appétit ; le plaisir de la table est le plus souvent indépendant de l’un et de l’autre. Ces deux états peuvent toujours s’observer dans nos festins.

Au premier service[1] […] chacun mange évidemment, sans parler, sans faire attention à ce qui peut être dit; et, quel que soit le rang qu’on occupe dans la société, on oublie tout pour n’être qu’un ouvrier de la grande manufacture[2]. Mais, quand le besoin commence à être satisfait, la réflexion naît, la conversation s’engage, un autre ordre de choses commence ; et celui qui, jusque-là, n’était que consommateur, devient convive plus ou moins aimable, suivant que le maître de toutes choses[3] lui en a dispensé les moyens. […]

D’ailleurs, on trouve souvent rassemblées autour de la même table toutes les modifications que l’extrême sociabilité a introduites parmi nous : l’amour, l’amitié, les affaires, […] l’ambition, l’intrigue ; voilà pourquoi le conviviat[4] touche à tout ; voilà pourquoi il produit des fruits de toutes les saveurs.

Jean-Anthelme Brillat-Savarin (1755 – 1826), Physiologie du goût (1825).

Questions

  1. Quel est le thème du texte ?
  2. A quelle question répond Brillat-Savarin dans ce texte ?
  3. Quelle en est sa réponse, c’est-à-dire quelle thèse soutient-il ?
  4. Comment Brillat-Savarin construit-il son argumentation ? Pour répondre à cette question, il conviendra d’étudier la structure logique du texte.
  5. Qu’est-ce qui dans ce texte mérite d’être expliqué ? Et expliquer !
  6. Qu’est-ce que ce texte donner à penser ? (Réflexion personnelle)

[1] Premier service: début du repas.

[2] Maître de toutes choses: Dieu.

[3] Ouvrier de la grande manufacture: expression ironique qui désigne celui qui mange pour calmer sa faim.

[4] Conviviat : la réunion des convives.

Alain. « Penser, c’est dire non. »

Image« Penser, c’est dire non. Remarquez que le signe du oui est d’un homme qui s’endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit non. Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n’est que l’apparence. En tous ces cas-là, c’est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l’heureux acquiescement. Elle se sépare d’elle-même. Elle combat contre elle-même. Il n’y a pas au monde d’autre combat. Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître de moi, c’est que je respecte au lieu d’examiner. Même une doctrine vraie, elle tombe au faux par cette somnolence. C’est par croire que les hommes sont esclaves. Réfléchir, c’est nier ce que l’on croit. Qui croit ne sait même plus ce qu’il croit. Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien. »

ALAIN, Propos sur les pouvoirs, « L’homme devant l’apparence« , 1924