BAC PHILO 2016. Les sujets du Liban pour la série L

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Sujet 1 :

Est-on prisonnier de la langue dans laquelle on parle ?

Sujet 2 :

L’esprit doit-il quelque chose au corps ?

Sujet 3 :

Expliquez le texte suivant :
« On décrit souvent l’état de nature comme un état parfait de l’homme, en ce qui concerne, tant le bonheur que la bonté morale. Il faut d’abord noter que l’innocence est dépourvue, comme telle, de toute valeur morale, dans la mesure où elle est ignorance du mal et tient à l’absence des besoins d’où peut naître la méchanceté. D’autre part, cet état est bien plutôt celui où règnent la violence et l’injustice, précisément parce que les hommes ne s’y considèrent que du seul point de vue de la nature. Or, de ce point de vue-là, ils sont inégaux tout à la fois quant aux forces du corps et quant aux dispositions de l’esprit, et c’est par la violence et la ruse qu’ils font valoir l’un contre l’autre leur différence. Sans doute, la raison appartient aussi à l’état de nature, mais c’est l’élément naturel qui a en lui prééminence. Il est donc indispensable que les hommes échappent à cet état pour accéder à un autre état, où prédomine le vouloir raisonnable. »

HEGEL, Propédeutique philosophique (1808)

BAC 2016. Les sujets de philo d’Amérique du nord pour la Série ES

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Sujet 1

L’art peut-il être indifférent au beau ?

Sujet 2

Les hommes vivent-ils en société par intérêt ?

Sujet 3

« L’obligation n’est pas la nécessité. Quand j’abandonne une pierre à elle-même, elle tombe et ne peut pas faire autrement, et quand j’énonce cette loi générale, les corps sont attirés vers le centre de la terre, j’énonce une loi nécessaire en ce sens que les faits qu’elle embrasse ne sauraient en aucune manière s’y soustraire et cela tient à une raison fort simple. Les lois de la physique qui sont nécessaires ne sont guère que la constatation de ce qui se passe. Le physicien observe, expérimente et exprime par une formule générale le résultat de ses observations. Il est donc impossible que les faits se dérobent à la loi puisque la loi exprime les faits. Si un jour un phénomène ou un objet échappait à son influence, cela prouverait qu’elle est fausse, qu’elle n’est pas la vraie. Il faudrait en chercher une autre à laquelle obéissaient même les phénomènes nécessaires. Une loi nécessaire est donc une loi postérieure aux événements qu’elle régit. Elle en est l’expression, la formule et les événements ne peuvent s’y soustraire par la raison très simple qu’elle se borne à les traduire. Il n’en est pas ainsi pour la loi morale. Les lois de la morale sont antérieures aux événements qu’elles prétendent régir et c’est par là qu’elles se distinguent des lois physiques. Cette loi, il ne faut pas voler, n’est pas l’expression abrégée, l’expression générale de ce qui se passe. Il y a des vols et des voleurs ; elle n’indique pas ce qui est mais ce qui devrait être. Ce n’est point un abrégé de la réalité, c’est un idéal qui précède la réalité et auquel la réalité devrait se conformer. De là vient qu’à l’opposé des lois physiques, ces lois de la morale admettent des exceptions. On peut se soustraire à leur influence ; on ne le devrait pas, mais on le pourrait. Et c’est en quoi l’obligation se distingue de la nécessité. »

Henri BERGSON, Leçons de Clermont-Ferrand, 1883

TL. Problématiques sur l’art

Après quelques recherches nous avons tenté d’établir une liste de questions se rapportant à l’art, au jugement de goût et beau, ainsi que des articulations conceptuelles entre la notion d’art et d’autres notions au programme.

Distinction œuvre d’art et objet technique

  • Dimension esthétique dans des objets techniques => design
  • Une maîtrise technique nécessaire dans la création d’œuvres d’art
  • Une œuvre d’art doit être belle / la production technique vise l’utile

Définition de cette valeur esthétique qu’est le beau

  • Qu’est-ce que le beau ?
  • Une œuvre d’art doit-elle être nécessairement belle ?
  • Doit-elle nécessairement procurer du plaisir ?
  • Peut-il y avoir un art du laid ?
  • La notion de sublime

Art et raison

  • La raison est-elle sollicitée dans l’élaboration d’une œuvre ?
  • Est-ce l’irrationnel qui est à l’œuvre ?
  • Peut-on porter un jugement rationnel sur une œuvre d’art ?
  • La distinction entre le goût et la raison (jugement de goût / jugement rationnel) : y a-t-il une part de rationnel dans le goût ?

Religion et art

  • Liens entre et religion et art ?
  • La religion n’est-elle pas à l’origine de l’art ?
  • L’art ne mime-t-il pas un fonctionnement rituel ?

Politique et art

  • L’art doit-il être au service de la politique ? de l’Etat ? du pouvoir en place ? (propagande)
  • L’art a-t-il un pouvoir subversif ?

L’art comme imitation de la nature

  • (Voir la théorie de la mimèsis)
  • Qu’en est-il de l’art abstrait
  • Imitation / représentation
  • Peut-on aller jusqu’à dire que c’est la nature qui imite l’art ?

L’origine de la création artistique chez l’artiste

  • Imitation des œuvres des autres artistes (imitation des maîtres)
  • L’inspiration
  • Le génie

Est-ce seulement par la raison qu’on peut accéder à la vérité ?

Est-ce seulement par la raison qu’on peut accéder à la vérité ?

Pourquoi ne pas réviser la philosophie en vous entraînant sur ce sujet, proposé aux élèves de la série S, au Liban, dans le cadre du baccalauréat 2014 ?

Quel est le problème dont il est question dans ce sujet ? Et quelle démarche pourriez-vous proposer ?

  • Vous pouvez en commentaire lien leave a comment , proposer des formulations de problèmes, vos réflexions, …. ou même vos questions…

Hegel. La philosophie comme « une affaire sérieuse »

Hegel 1770-1831

« Il paraît particulièrement nécessaire de faire de nouveau de la philosophie une affaire sérieuse. Pour toutes les sciences, les arts, les talents, les techniques prévaut la conviction qu’on ne les possède pas sans se donner la peine et sans faire l’effort de les apprendre et de les pratiquer. Si quiconque ayant des yeux et des doigts, à qui on fournit du cuir et un instrument, n’est pas pour cela en mesure de faire des souliers, de nos jours domine le préjugé selon lequel chacun sait immédiatement philosopher et apprécier la philosophie puisqu’il possède l’unité de, mesure nécessaire dans sa raison naturelle – comme si chacun ne possédait pas aussi dans son pied la mesure d’un soulier -. II semble que l’on fait consister proprement la possession de la philosophie dans le manque de connaissances et d’études, et que celles-ci finissent quand la philosophie commence. »

Hegel, Préface à la phénoménologie de l’Esprit, préface, 1807

Sur quoi porte le texte ? Et à quelle question répond Hegel dans ce texte ? Quelle en est la réponse ? Comment l’auteur a t-il construit son argumentation ?

Travail réalisé par Yorgan de TL

Le thème de ce texte est la philosophie, car Hegel dit que pour faire de la philosophie, il ne faut pas y avoir de préjugé (consiste à philosopher sans apprentissage) il faut y avoir un apprentissage pour la pratiquer.

Tout le monde peut il philosopher ?

Et Hegel dit que pour philosopher, il faut y avoir une préparation.

De quelle manière peut-on faire de la philosophie ? Hegel dit que pour faire de la philosophie, il faut avoir un apprentissage.

« Il faut faire de nouveau de la philosophie une affaire sérieuse. » première phrase.

Dans une 1ère  partie : il y a l’expression d’une thèse. La philosophie est une affaire sérieuse. Il l’énonce comme le rappel d’une exigence qu’on semble avoir oublié sur la philosophie. Dans la 2ème  partie : Hegel dit pourquoi l’on doit faire de la philosophie une affaire sérieuse. Dans la 3ème  partie : il montre tout le ridicule qu’il y a à penser spontanément, il ridiculise cette opinion. Il dit aussi que la raison est un élément essentiel pour philosopher. Tout cela met en avant l’argument qui fonde le préjugé.Et dans la fin du texte : il termine en appuyant sur le ridicule de cette opinion.

Travail rédigée par Stéphane de TES

Ce texte philosophique de Hegel parle de la philosophie. Hegel qui est un philosophe, va dans son texte répondre à la question générale qui est : Comment philosopher ? Pour y répondre, il va critiquer les préjugés, les opinions que nous pouvons avoir sur la philosophie.

La première phrase du texte qui dit «il est nécessaire de faire de nouveau de la philosophie une affaire sérieuse », est la thèse de l’auteur qu’il a d’ailleurs formulée de manière elliptique. En général Hegel dit, qu’il est important de faire sérieusement de la philosophie, on ne peut pas faire autrement, d’où la notion de «nécessité » c’est donc une obligation. Dans sa thèse, on a aussi l’impression qu’il veut nous rappeler une exigence que l’on a oublié sur la philosophie, car maintenant on considère cette pratique comme chose légère.

Dans la suite du texte, l’opinion commune dit que pour n’importe quelle activité il faut travailler, qu’on ne peut pas maîtriser une activité si on ne se donne pas la peine de l‘ apprendre pour ensuite pouvoir la pratiquer. Hegel va reprendre l’opinion commune et va mettre en avant une contradiction selon laquelle il n’y a pas le besoin de travailler pour faire de la philosophie. Mais pourquoi la philosophie ferait-elle exception à la règle ? Il va illustrer, ridiculiser cette contradiction en donnant l’exemple suivant : « si quiconque ayant des yeux et des doigts, à qui on fournit du cuir et un instrument, n’est pas pour cela en mesure de faire des souliers ».

Pour compléter son exemple, l’auteur va argumenter en disant que nous sommes dotés de raison naturelle, mais que cela ne suffit pas pour savoir immédiatement philosopher, ce qu’il veut dire en reprenant l’exemple qu’il a donné, c’est que ce n’est pas parce que l’on possède les outils pour faire des souliers que nous y arrivera immédiatement. Pour y arriver, il faut tout d’abord apprendre et ensuite travailler pour pouvoir enfin devenir cordonnier.

La philosophie n’a pas besoin d’être travaillé car nous possédons la raison naturelle, est le préjugé que nous avons, mais Hegel va critiquer ce préjuger  et répondre, qu’on ne s’impose pas philosophe sans prendre la peine d’apprendre et de pratiquer cette activité théorique, il y a tout un travail à faire.

TS. La philosophie en rupture avec la manière ordinaire de penser

Rédaction de Malika, TS, à partir du cours du 6 septembre 2012

Par quoi commencer ?

Lorsque l’on n’a jamais fait de philosophie, il apparaît légitime de demander une définition du mot « philosophie ». Or, on convient pourtant que pour les autres matières, les mathématiques par exemple, jamais on ne réclame ni n’en donne une définition. Pourquoi donc la philosophie devrait faire exception ? Lui appartient-il de se définir elle-même ? Et pour un élève qui commence la philosophie, par quoi doit-il commencer ?

Un mathématicien qui définirait les mathématiques  ferait-il encore des mathématiques ? Dire que par exemple que les mathématiques traitent des nombres, des figures et des grandeurs, qu’il est question d’opérations partant d’axiomes, que la vérité à laquelle elles parviennent est de type formel et non de type expérimental, etc. ce n’est assurément plus faire des mathématiques, mais c’est philosopher sur les mathématiques. Et il en va ainsi pour toutes autres disciplines, la physique, l’histoire… La discipline qui tente de définir les sciences, leurs objets et leur méthode, s’appelle l’épistémologie, branche importante de la philosophie.

Importance de la conceptualisation en philosophie

Déjà, nous venons de remarquer que définir apparaît une activité importante de la démarche philosophique. Il est important pour elle en effet de savoir ce que l’on dit. Nous parlerons de conceptualisation. Et tenter de définir la philosophie elle-même, c’est toujours faire de la philosophie. Il appartient donc à la philosophie de se définir. Concevoir la philosophie d’une manière ou d’une autre c’est opter pour une manière de philosopher. On remarquera au passage qu’en classe de terminale, la notion même de philosophie n’est pas au programme de philosophie.

C’est pourquoi, en ce qui nous concerne, il ne sera pas question de proposer, en ce début d’année scolaire, une définition définitive et achevée de la philosophie, l’important étant plutôt de se lancer dans la réflexion philosophique et il sera temps au bout de notre année de faire le point sur notre expérience. Proposons-nous seulement de partir des représentations que nous avons de la philosophie.

La rationalité pour fondement

Philosopher c’est une manière particulière de réfléchir. Mais qu’est-ce qui fait sa particularité ? Le fondement de la réflexion philosophique est la rationalité, autrement dit, la réflexion doit être impérativement logique. En cela, elle est une manière de penser en rupture avec la manière ordinaire de penser, c’est-à-dire la manière spontanée de penser, cette dernière se basant généralement davantage sur les émotions et les sentiments. Une idée n’est pas vraie parce qu’on l’aime bien ou parce qu’elle nous plaît, mais parce qu’elle découle d’une réflexion logique et rationnelle. La sphère de la rationalité et celle de l’affectivité s’opposent, la philosophie appartenant à la première alors que l’opinion à la seconde.

En outre, remarquons que lorsque nous sommes submergés par nos émotions nous devenons particulièrement imperméables aux arguments de la raison. Il apparaît peu probable que l’individu sur le point de se suicider, submergé par ses sentiments de désespoir, philosophe sur l’existence et le sens de la vie. De même, tout raisonnement philosophique glisse et reste sans effet chez le raciste pétri par la haine et la peur de l’autre différent, quand bien même la moindre réflexion fait aisément imploser le racisme. L’opinion s’enracine notamment dans l’éducation et cela explique notamment la difficulté de s’en débarrasser ou d’accepter les objections qui peuvent lui être adressée, quand bien même celles-ci auraient pour elles le poids des arguments de la raison. Irrationnelle, la pensée raciste procède le plus souvent par généralisation abusive et par amalgame : l’exemple d’un étranger voleur lui suffit pour dire qu’ils le sont tous ; ou qu’un arabe est l’équivalent d’un musulman, donc d’un intégriste, donc encore d’un terroriste.

La philosophie comme critique de l’opinion

Non seulement la philosophie apparaît en rupture avec la manière ordinaire de penser, celle de l’opinion mais encore elle se pose à son égard comme une critique. L’opinion, lieu des banalités, des faux-semblants, des rumeurs, des préjugés, est peu exigeante en matière de vérité et pourtant s’érige de manière entêtée comme vérité incontestable. Le philosophe Gaston Bachelard  dira que « l’opinion pense mal, elle ne pense pas, elle a en droit toujours tort ». La philosophie se place ainsi au niveau de la raison commune à la science et se constitue comme la critique de l’opinion.

Généralement, on a tendance à poser d’abord la conclusion et ne chercher qu’ensuite ce qui peut sembler la confirmer. Telle est l’attitude du jaloux par exemple, qui, aveuglé par sa passion, persuadé qu’il est trompé, va chercher le moindre signe qu’il érigera en indice, en preuve. Les arguments appelés comme soutiens à l’opinion sont bien souvent des justifications a posteriori. Quant à l’attitude du philosophe, elle est inverse, et en cela il apparaît bien plus sage et logique. Sa conclusion sera toujours une position à partir d’un raisonnement, d’une réflexion.

Le philosophe va donc critiquer l’opinion qui est toujours fermée et toujours questionner et apprendre davantage, grâce à sa curiosité par laquelle il s’ouvre au monde et aux choses. On n’a l’exemple de Socrate, appelé le plus sage des Hommes, qui nous apprend qu’il est préférable de prendre conscience de son ignorance plutôt que de prétendre savoir alors que l’on ne sait pas et ainsi se mettre en quête de savoir. Il est préférable de chercher à savoir la vérité que d’adhérer à une opinion et s’entêter.

Texte rédigé par Malika, TS et relu par le professeur