Enseignant, professeur certifié de philosophie au lycée de Pointe-Noire Responsable de l'atelier SciencesPo du Lycée Interlocuteur Académique Numérique disciplinaire Professeur Formateur Académique pour le numérique

Exercice. Quels sont les parts de l’inné et de l’acquis chez l’homme ?

  • Réponse de Axel KAHN :

Vaste question fort débattue. L’inné est la part de notre personnalité liée à nos gènes transmis par nos parents à la naissance, alors que l’acquis est la part liée à l’environnement : la culture, l’éducation, l’expérience personnelle, etc. L’opposition entre les tenants d’une influence déterminante de l’inné et ceux de l’acquis est largement artificielle. En effet, on peut dire que l’homme a la capacité innée d’acquérir, ce qui fait toute sa spécificité et sa richesse. C’est parce que les gènes humains permettent d’édifier un psychisme humain que l’homme est si sensible aux empreintes laissées par son milieu, en particulier à l’influence de la culture et de l’éducation. Il est certain que les gènes doivent pouvoir intervenir dans telle ou telle caractéristique du cerveau humain, modulant plus ou moins son type de réactivité à l’environnement. Cependant, le modelage par ce dernier jouera à l’évidence un rôle essentiel dans l’édification du psychisme.

  • Vidéo : Joël de Rosnay et la notion d’épigénétique

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TS. Ne désire-t-on que ce qui est bon ?

Ce qui est bon, n’est-il pas en fait ce que l’on estime bon. Comment savoir que ce que nous prenons comme bon l’est vraiment ? Réflexion sur la valeur de vérité de l’objet du désir estimé bon. Ce qu’on désire est-il nécessairement bon ? Mais tout pourquoi désire-t-on ce qu’on estime bon ? et ce que l’on estime bon ne peut-il pas ne pas l’être ? peut-on même aller jusqu’à désirer ce que l’on estime mauvais, mal ?

I. Pourquoi désire-t-on ce qu’on estime bon ?

  1. Ce qui est bon est ce qu’on estime nécessaire à la survie : il est bon de manger quand on a faim et de boire quand on a soif. Mais ici le désir n’est-il pas confondu avec le simple besoin vital ?
  2. Ce qui est bon est ce qu’on estime nécessaire au bonheur : généralement on désire ce que l’on n’a pas et dont imagine la satisfaction comme source du bonheur. On voit mal comment être heureux sans l’obtention de ce que l’on désire.
  3. Mais ne désire-t-on que cela ? En effet, ne désire-t-on pas parfois ce qu’on estime bon mais qui en réalité ne l’est pas ou encore ne désire-t-on pas ce qui est mauvais parce qu’en fait on ne procède à aucune estimation ? En d’autres termes, n’arrive-t-il pas que l’on se trompe dans l’estimation de ce qui est bon ? et procède-t-on à chaque fois à une évaluation à une estimation de chaque chose que l’on désire ?

II. Ce qu’on estime bon peut ne pas l’être.

  1. On désire ce que l’on estime bon mais qui en réalité ne l’est pas : il y a une divergence entre croire et savoir, entre l’opinion et la connaissance. L’estimation fondée sur l’opinion et sur la croyance peut être fausse.
  2. On désire ce que l’on désire sans procéder à une estimation de l’objet désirer : certains désirs étant inconscients, il n’y a donc aucune estimation faite de leur objet. La conscience n’est ici que le témoin d’un processus inconscient qui lui échappe.
  3. On ne choisit pas ses désirs et de ce fait, il apparaît possible de désirer ce que l’on estime pourtant mauvais.

III. Il est possible de désirer ce que l’on estime mauvais

  1. Le désir se distingue de la volonté, et l’on peut désirer ce que l’on ne veut pas : la volonté peut être impuissante face à la force du désir.
  2. La volonté peut devenir l’allier du désir : on finit par vouloir ce que l’on désire quand bien même ce qui est désiré est de l’ordre du vice. C’est parce que c’est mal qu’on le désire. Le désir de faire mal par exemple. (cf. le sadisme et le masochisme) Le concept de fascination. Vouloir ce qu’on désire. Mais ici une chose devient bonne parce qu’on la désire, quand bien même elle serait mauvaise, surtout quand bien même on la sait mauvaise.
  3. Mais, on peut vivre en soi une situation de conflit entre un désir harcelant vers un vice que l’on exècre et une vertu que l’on vise. Ne pas vouloir ce qu’on désire. Chercher les moyens d’une maîtrise de soi ?

Vers un dépassement du conflit vouloir une vertu / désirer un vice ou bien alors une acceptation de ce que l’on est au fond (Nietzsche). Le bien ?

65 sujets sur le désirs

L’exercice consistait à regrouper les sujets selon des problématiques communes ou ressemblantes. L’essentiel était de justifier les rapprochements ou les oppositions et de toujours montrer la problématique en question.

1 Accomplir tous ses désirs, est-ce une bonne règle de vie ?
2 Faut-il ne désirer que ce qui est accessible ?
3 Le désir de savoir est-il comblé par la science ?
4 Le désir nous rend-il déraisonnable ?
5 L’objet du désir en est-il la cause ?
6 Nos désirs peuvent-ils être comblés ?
7 Peut-on tout désirer à la fois ?
8 Suffit-il d’avoir ce que l’on désire pour être heureux ?
9 Est-il absurde de désirer l’impossible ?
10 La liberté requiert-elle l’extinction du désir ?
11 Le désir est-il par nature immoral ?
12 Le sujet peut-il échapper à ses désirs ?
13 Ne désirons-nous que ce qui nous manque ?
14 Peut-on désirer ce que l’on possède déjà ?
15 Pouvons-nous faire coïncider nos désirs avec nos devoirs ?
16 Y a-t-il de faux désirs ?
17 Agir moralement, est-ce nécessairement lutter contre ses désirs ?
18 Désirer, est-ce nécessairement souffrir ?
19 Est-ce le désir de vivre ensemble qui est au fondement des sociétés ?
20 Est-il possible de vivre sans désirs ?
21 Faut-il se méfier de ses désirs ?
22 Le bonheur consiste-t-il à ne plus rien désirer ?
23 Le désir est-il la marque de la misère de l’homme ?
24 Le désir peut-il être comblé ?
25 Les hommes savent-ils ce qu’ils désirent ?
26 Ne désire-t-on que ce que désire autrui ?
27 Nos désirs nous égarent-ils ?
28 Peut-on désirer ce qu’on ne connaît pas ?
29 Pourquoi désirer ce qui n’est pas nécessaire ?
30 Sait-on ce qu’on désire ?
31 Un désir peut-il être coupable ?
32 Est-il raisonnable de vouloir maîtriser tous ses désirs ?
33 Faire son devoir exclut-il tout plaisir ?
34 Faut-il hiérarchiser les désirs ?
35 Faut-il renoncer à ses désirs pour être libre ?
36 Le désir de liberté peut-il conduire à perdre sa liberté ?
37 Le désir fait-il de nous des sujets ?
38 Le désir suppose-t-il autrui ?
39 Ne désire-t-on que ce dont on manque ?
40 Nos désirs s’expliquent-ils seulement par la recherche du plaisir ?
41 Peut-on désirer savoir pour savoir ?
42 Puis-je toujours exprimer ce que je désire ?
43 Tout désir est-il tyrannique ?
44 La force de notre volonté est-elle autre chose que celle de nos désirs ?
45 La liberté est-elle toujours désirable ?
46 Le désir est-il aveugle ?
47 Le désir peut-il se satisfaire de la réalité ?
48 Ne désire-t-on que ce qui a de la valeur pour autrui ?
49 Peut-on cesser de désirer ?
50 Pourquoi désire-t-on savoir ?
51 Tous nos désirs sont-ils personnels ?
52 Y a-t-il des désirs naturels ?
53 Y a-t-il un sens à parler de désirs inconscients ?
54 Satisfaire ses désirs peut-il rendre malheureux ?
55 Peut-on désirer travailler ?
56 Nos désirs nous appartiennent-ils ?
57 La raison s’oppose-t-elle nécessairement au désir ?
58 La science relève-t-elle du seul désir de vérité ?
59 Le désir de savoir est-il naturel ?
60 Le désir déforme-t-il notre perception du réel ?
69 Le désir est-il un obstacle à la liberté ?
73 Le désir nous condamne-t-il à l’insatisfaction ?
68 Le désir nous éloigne-t-il d’autrui ?
70 Le désir peut-il être désintéressé ?
61 Les exigences de la morale sont-elles compatibles avec nos désirs ?
74 L’hypothèse de l’inconscient rend-elle inutile la recherche d’une maîtrise des désirs ?
76 L’interdit est-il ennemi du désir ?
67 Mes désirs m’appartiennent-ils ?
71 Ne désirons-nous que les choses que nous estimons bonnes ?
62 Nos désirs font-ils obstacle à notre liberté ?
75 Peut-il exister des désirs naturels ?
77 Peut-on désirer autre chose que l’impossible ?
66 Peut-on désirer sans souffrir ?
72 Peut-on vouloir ce qu’on ne désire pas ?
63 Pourrait-on désirer si rien n’était interdit ?
64 Répondre à un désir, est-ce nécessairement le satisfaire ?
65 Suis-je l’esclave de mes désirs ?

 

Radicalité et banalité du mal

LA QUESTION DU MAL, ENTRE RADICALITÉ ET BANALITÉ

Par Myriam Revault D’Allonnes

« Radicalité du mal, banalité du mal » : deux expressions apparemment opposées, que Myriam Revault d’Allonnes s’attachera à rapprocher en montrant combien l’hypothèse kantienne du mal radical permet de faciliter la compréhension de la pensée d’Hannah Arendt, qui, au moment du procès d’Eichmann à Jérusalem, avait associé l’idée de « banalité du mal » à la figure inédite du mal politique moderne (les meurtres de masse, commis sans conscience de culpabilité par des individus parfaitement ordinaires).
M. Revault d’Allonnes a, dans un premier temps, montré en quoi Kant s’est démarqué des approches traditionnelles du mal. Kant, en effet, récuse la logique des théodicées, l’inscrutabilité de l’origine faisant échec à tout schéma explicatif du mal. Il refuse ainsi l’hypothèse du péché originel, de même que toute explication psychologique, qui enracinerait le mal, d’une part dans la sensibilité ou l’irrationalité des passions ; d’autre part dans la dépravation de la raison. Il n’y a donc pas, pour Kant, de « mal absolu », choisi délibérément par un individu « diabolique », mû par l’intention de faire le mal pour le mal. Pour Kant, en effet, l’idée du « mal absolu » et l’hypothèse diabolique ne sont que des moyens de refouler hors de l’humain, la possibilité du mal, permettant ainsi aux hommes ordinaires de s’excepter de toute responsabilité. Aussi Kant opposera le concept de « mal radical ».
Dans un deuxième temps de son exposé, M. Revault d’Allonnes analysera précisément ce concept, en en donnant d’abord le principe : ce qui corrompt le fondement de toutes les maximes morales ; ce qui effrite, à ses racines, la constitution morale. Elle le rattachera ensuite au « fondement subjectif de l’usage de la liberté », qui caractérise la « nature » humaine. L’homme y est pensé comme libre et perfectible, déterminé par une « disposition » au bien, qui constitue en lui la possibilité de l’humanité, mais aussi par un « penchant » « naturel » au mal, qui, subordonnant la raison à la sensibilité, l’autorise à s’écarter des maximes de la loi morale pour privilégier la satisfaction de ses désirs. Dans ce renversement de l’ordre moral, le « penchant » au mal devient perversion du cœur humain.

TL. Débat sur l’amitié

Dans les illusions perdues (1837-1843) d’Honoré de Balzac, Fulgence dit à Lucien :

Ta vanité, mon cher poète, est si grande, que tu en mets jusque dans ton amitié ? s’écria Fulgence. Toute vanité de ce genre accuse un effroyable égoïsme, et l’égoïsme est le poison de l’amitié.

A la suite de l’étude du texte d’Aristote extrait de l’Ethique à Nicomaque 4 élèves de TL ont débattu sur le thème de l’amitié.

Il est possible de réécouter le débat qui a été enregistré et de réagir ou bien de proposer des réflexions sur le même thème en laissant un commentaire.

Pour rappel : la question que pose Charlie pour entamer le débat.

Quel est le vrai ressort de l’amitié ? Est-il raisonnable d’aimer un autre plus que soi-même, au point de se sacrifier, parfois, pour lui ? N’est-il pas absurde de préférer la vie d’un autre à la sienne ? Et si nous nous effaçons au profit d’un autre,  n’est-ce pas, au fond, parce que l’ami  nous apporte ce qui nous fait défaut ?