Voltaire. Le fanatisme religieux comme maladie, mais quel remède ?

Nicolas de Largillière, portrait de Voltaire détail
Voltaire 1694-1778

« Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un fanatique novice qui donne de grandes espérances; il pourra bientôt tuer pour l’amour de Dieu.
Barthélemy Diaz fut un fanatique profès. Il avait à Nuremberg un frère, Jean Diaz, qui n’était encore qu’enthousiaste luthérien, vivement convaincu que le pape est l’antechrist, ayant le signe de la bête. Barthélemy, encore plus vivement persuadé que le pape est Dieu en terre, part de Rome pour aller convertir ou tuer son frère: il l’assassine; voilà du parfait: et nous avons ailleurs rendu justice à ce Diaz.
Polyeucte, qui va au temple, dans un jour de solennité, renverser et casser les statues et les ornements, est un fanatique moins horrible que Diaz, mais non moins sot. Les assassins du duc François de Guise, de Guillaume prince d’Orange, du roi Henri III, du roi Henri IV, et de tant d’autres, étaient des énergumènes malades de la même rage que Diaz.
Le plus grand exemple de fanatisme est celui des bourgeois de Paris qui coururent assassiner, égorger, jeter par les fenêtres, mettre en pièces, la nuit de la Saint-Barthélemy, leurs concitoyens qui n’allaient point à la messe. Guyon, Patouillet, Chaudon, Nonotte, l’ex-jésuite Paulian, ne sont que des fanatiques du coin de la rue, des misérables à qui on ne prend pas garde: mais un jour de Saint-Barthélemy ils feraient de grandes choses.
Il y a des fanatiques de sang-froid : ce sont les juges qui condamnent à la mort ceux qui n’ont d’autre crime que de ne pas penser comme eux; et ces juges-là sont d’autant plus coupables, d’autant plus dignes de l’exécration du genre humain, que, n’étant pas dans un accès de fureur comme les Clément, les Chastel, les Ravaillac, les Damiens, il semble qu’ils pourraient écouter la raison.
Il n’est d’autre remède à cette maladie épidémique que l’esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les moeurs des hommes, et qui prévient les accès du mal; car dés que ce mal fait des progrès, il faut fuir et attendre que l’air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent, pas contre la peste des âmes; la religion, loin d’être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. Ces misérables ont sans cesse présent à l’esprit l’exemple d’Aod qui assassine le roi Églon; de Judith qui coupe la tête d’Holopherne en couchant avec lui; de Samuel qui hache en morceaux le roi Agag; du prêtre Joad qui assassine sa reine à la porte aux chevaux, etc., etc., etc. Ils ne voient pas que ces exemples, qui sont respectables dans l’antiquité, sont abominables dans le temps présent: ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne.
Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage: c’est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l’esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu’ils doivent entendre.
Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant?
Lorsqu’une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. J’ai vu des convulsionnaires qui, en parlant des miracles de saint Pâris, s’échauffaient par degrés parmi eux: leurs yeux s’enflammaient, tout leur corps tremblait, la fureur défigurait leur visage, et ils auraient tué quiconque les eût contredits.
Oui, je les ai vus ces convulsionnaires, je les ai vus tendre leurs membres et écumer. Ils criaient: « Il faut du sang ». Ils sont parvenus à faire assassiner leur roi par un laquais, et ils ont fini par ne crier que contre les philosophes.
Ce sont presque toujours les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains; ils ressemblent à ce Vieux de la montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu’ils iraient assassiner tous ceux qu’il leur nommerait. Il n’y a eu qu’une seule religion dans le monde qui n’ait pas été souillée par le fanatisme, c’est celle des lettrés de la Chine. Les sectes des philosophes étaient non seulement exemptes de cette peste, mais elles en étaient le remède; car l’effet de la philosophie est de rendre l’âme tranquille, et le fanatisme est incompatible avec la tranquillité. Si notre sainte religion a été si souvent corrompue par cette fureur infernale, c’est à la folie des hommes qu’il faut s’en prendre. »

Voltaire, Article « Fanatisme », Dictionnaire philosophique portatif, 1764

Autrui. Travail sur la notion 5

autruiCi-dessous, une liste de 49 sujets de dissertation portant sur la notion d’autrui. L’exercice proposé est de regrouper les sujets en faisant des rapprochements selon les problèmes abordés. Il conviendra de justifier les choix.

  1. Le désir suppose-t-il autrui ?
  2. Se laisser guider par autrui, est-ce renoncer à sa liberté ?
  3. Ne désire-t-on que ce que désire autrui ?
  4. N’existons-nous que par le regard d’autrui ?
  5. Faut-il s’identifier à autrui pour le comprendre ?
  6. La passion nous sépare-t-elle d’autrui ?
  7. N’avons-nous de devoirs qu’envers autrui ?
  8. Ai-je intérêt à la liberté d’autrui ?
  9. Suffit-il d’être proche d’autrui pour le connaître ?
  10. Qu’est-ce que comprendre autrui ?
  11. La tolérance va-t-elle jusqu’à laisser autrui dans son erreur ?
  12. Puis-je penser sans autrui ?
  13. La liberté de chacun s’arrête-t-elle seulement là où commence celle d’autrui ?
  14. Suffit-il d’être poli envers autrui pour le respecter ?
  15. Ne fait-on son devoir que par crainte du regard d’autrui ?
  16. Respecter autrui est-ce respecter sa différence ?
  17. Peut-on juger autrui ?
  18. L’homme peut-il être humain sans la présence d’autrui ?
  19. Nos rapports avec autrui sont-ils nécessairement conflictuels ?
  20. Peut-on avoir des exigences à l’égard d’autrui ?
  21. Ai-je besoin d’autrui pour être objectif ?
  22. Est-il injuste d’exploiter le travail d’autrui ?
  23. Avons-nous besoin d’autrui pour être libres ?
  24. Le dialogue permet-il de surmonter les obstacles qui nous empêchent de comprendre autrui ?
  25. Pour aimer autrui faut-il le connaître ?
  26. Avons-nous besoin d’autrui pour avoir conscience de nous-mêmes ?
  27. Est-il plus facile de connaître autrui que de se connaître soi-même ?
  28. Peut-on faire le bonheur d’autrui ?
  29. Faut-il aimer autrui pour le respecter ?
  30. Autrui est-il mon semblable ?
  31. Peut-on se connaître soi-même sans l’aide d’autrui ?
  32. Autrui est-il un autre moi-même ?
  33. Comment justifier le respect d’autrui ?
  34. Toute relation à autrui est-elle porteuse de conflits ?
  35. Nos relations avec autrui sont-elles nécessairement conflictuelles ?
  36. Ne désire-t-on que ce qui a de la valeur pour autrui ?
  37. Toute relation à autrui est-elle un échange ?
  38. Pour bien agir, faut-il vouloir le bien d’autrui ?
  39. Peut-on convaincre autrui qu’une oeuvre d’art est belle ?
  40. Le respect d’autrui exclut-il toute passion ?
  41. L’amitié est-elle la forme idéale du rapport à autrui ?
  42. La présence d’autrui nous évite-t-elle la solitude ?
  43. Au nom de quoi peut-on reprocher à autrui d’être égoïste ?
  44. Suis-je dans le même temps qu’autrui ?
  45. Ne respectons-nous autrui qu’afin qu’il nous respecte ?
  46. A-t-on le devoir d’aimer autrui ?
  47. Faut-il vivre pour autrui ?
  48. Respecter autrui est-ce respecter en lui la personne humaine ?
  49. La conscience de soi suppose-t-elle autrui ?

Compte-rendu de la mise en commun de l’exercice (séance 1 – TL)

Sujets sur autrui TL

Le travail est à poursuivre, mais il conviendra notamment de formuler le problème dont il est question dans chacun des groupes de sujets et d’être attentif aux nuances qu’apporte chaque sujet, leur « biais ».

Compte-rendu de l’exercice (TL – séance 2)

Sujets sur autrui TL 2L’exercice est à poursuivre, notamment en ce qui concerne les sujets qui articulent la notion d’autrui avec d’autres notions au programme. En outre, il convient de reprendre chacun des groupes trouvés et de proposer à chaque fois un texte exprimant une problématique en proposant un fil conducteur entre les sujets.

 

Voeux 2015

Léonard de Vinci, Tête de femme connue sous le nom de La Scapigliata

Quand on est jeune, on aimerait parfois que tout aille plus vite, mais comme le disait le génial Léonard de Vinci : « il n’est aucune chose qui aille plus vite que les années ».

Tâchons donc tout simplement de prendre le temps de vivre et d’aimer.

Bonne année 2015 à vous tous mes élèves. Beaucoup de courage et d’ardeur dans le travail, du plaisir d’apprendre et évidemment tous mes voeux de réussite.

Noël peut-il faire l’objet d’une réflexion philosophique ?

Le Père Noël existe-t-il ?

Réponse évidente à une question absurde? Pas si sûr…
comme le montre l’écrivain et scénariste américain Eric Kaplan,
producteur de la série The Big Bang Theory
et diplômé de Harvard en philosophie.

Pourquoi
croire au
Père Noël?

Pour réconcilier les morts et les vivants, selon l’anthropologue
Claude Lévi-Strauss.


Qu’offre-t-on
quand on fait
un cadeau?

Une obligation de recevoir et de rendre, qui peut aboutir à la guerre… Avant d’en venir aux mains sous le sapin, parcourez
l’Essai sur le don de Marcel Mauss.


Réveillonner
en famille?

Les dîners de famille peuvent être savoureux, quand ils ouvrent sur des disputes… philosophiques.
Pour preuve, ce réveillon chez Platon !


Pourquoi
faire la fête?

En suspendant les conventions dans l’effervescence, la fête régénère le groupe avant la reprise du quotidien. Le point avec Roger-Pol Droit et Roger Caillois.


Que cherche-t-on
dans l’ivresse?

Une sortie de soi vers une compréhension du monde plus vaste, selon le britannique Roger Scruton.


Dieu
a-t-il encore
sa place à table?

Il peut être encore pratique.
Gardez une petite place pour lui… et William James.


Récupérons nos petits frères

Annonce par la Préfecture de Guadeloupe et Conférence de presse depuis le lycée de Pointe-Noire lançant la campagne 2014/2015 « Déposez les armes » et présentation du clip musical « Récupérons nos petits frères », réalisé par Livio Bogdan, étudiant en seconde année du BTS audiovisuel du lycée.

« Faisons taire ces larmes qui font verser des larmes », quand la création se met au service d’une cause, quand la jeunesse devient le support et le vecteur d’un appel à la responsabilité citoyenne de tous…

H

Guadeloupe. Déposez les armes, toutes les armes

Samedi 20 décembre 2014. Du 20 décembre 2014 au 11 février 2015, une nouvelle campagne « Déposez les armes » est organisée en Guadeloupe. L’objectif de cette opération est de limiter la circulation des armes dans l’archipel en incitant la population à venir déposer volontairement leurs armes en gendarmerie ou au commissariat sans crainte de s’exposer à des poursuites, durant tout le temps de la campagne.

Nombreux sont ceux en effet qui ne souhaitent plus prendre le risque de conserver à leur domicile des armes à feu qui ne leur sont d’aucune utilité et qu’ils détiennent parfois illégalement.

Durant les campagnes de 2013, les dépôts volontaires ont permis de collecter 232 armes à feu et plus de 2500 munitions. Tout un arsenal en moins susceptible d’être récupéré lors de cambriolages et utilisés pour commettre des faits de délinquance.

Il demeure encore cependant en Guadeloupe des actes de violence avec des armes blanches ou des armes à feu. Les vols où des armes sont impliquées sont encore nombreux et il convient de poursuivre les efforts et la mobilisation citoyenne des campagnes de 2013.

Déposez les armes, toutes les armes !

Cette nouvelle campagne 2014-2015 s’inscrit dans la continuité des précédentes mais vise un public plus jeune et insiste sur les dangers à détenir une arme blanche. Si en 2013, beaucoup d’adultes se sont présentés spontanément aux forces de l’ordre pour déposer leurs armes de poing et leurs fusils, peu ont ramené coutelas, couteaux et autres cutters qui peuvent être tout aussi dangereux et en particulier chez les jeunes.

Dans cet esprit, la société de production Songuart a travaillé de concert avec un collectif de jeunes artistes, regroupés sous le label Building Empire production, qui a écrit, composé et interprété un clip musical sur la thématique des « lames qui font couler tant de larmes ».

Ce clip, intitulé « Récupérons nos petits frères » sera le fer de lance de cette nouvelle campagne et devrait permettre de mieux investir les réseaux sociaux. Il a été réalisé par Livio Bogdan, étudiant de la section audiovisuelle du Lycée polyvalent de Point-Noire.

Source

Fare Laurent

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