Les élèves du lycée français de Pondichéry en Inde ont déjà passé leurs épreuves du baccalauréat de manière anticipée par rapport à la métropole et le Guadeloupe. C’était la semaine dernière, du 18 au 22 avril 2016.
Evidemment les sujets ne sont et ne peuvent être les mêmes qu’en métropole et en Guadeloupe, mais ils sont pour nous un bon moyen de préparation et d’entraînement.
Il est possible de télécharger ici les différents sujets.
Travail individuel de réflexion sur le sujet suivant : « Le langage n’exprime-t-il que ce que l’on veut communiquer ? » puis mise en commun. Travail relativement libre.
SUJET 1 : Le langage n‘exprime-t-il que ce que l’on veut communiquer ?
Définition du langage : qu’est-ce le langage ?
Le sujet nous demande de définir ce qu’est le langage, on comprend alors que cette définition devra être progressive ;
D’autre part, s’il s’agit de définir le langage le danger est de faire un exposé prétendant le faire : ne pas oublier de disserter => il faut un problème
Ce problème doit concerner la finalité du langage, si le langage est un outil pour nous exprimer, parvenons-nous à nos fins, à savoir exprimer ce que l’on veut communiquer, est-il un bon outil pour cela, ou bien….
On peut partir de ce que propose déjà le sujet, ce qu’il présuppose…
Présupposé :
Le langage exprime ce que l’on veut communiquer
Le langage est de l’ordre de l’expression ; le langage exprime : le langage est un moyen d’expression.
On veut communiquer quelque chose (volonté, conscience, maîtrise)
Mais la question est de savoir si l’on y parvient
Question : si le langage exprime ce que l’on veut communiquer, n’est-il que cela? N’est-il pas aussi autre chose? Le langage n’exprime-t-il pas autre chose que ce que l’on veut communiquer ? Le langage n’exprime-t-il pas ce que l’on ne veut pas communiquer ? Ce que l’on veut laisser cacher (secret) ; ce que l’on n’avait même pas penser communiquer ?
N’y a-t-il pas quelque chose qui échappe…. ? (inconscient, on ne maîtrise pas tout…) A supposer que le langage ne nous permet pas toujours d’exprimer ce que l’on veut communiquer, cela signifie-t-il que l’on doit reprocher au langage de mal s’exprimer ou bien doit-on plutôt en voir les raisons plutôt du locuteur lui-même. Est-ce l’outil qui peut ne pas être bon ou bien est-ce son utilisateur qui peut avoir des difficultés à l’utiliser ?
Moi et l’autre : par la parole => me faire comprendre de l’autre ; mais comment se fait-il que l’autre ne me comprend pas toujours ? Est-ce de son côté ou est-ce du mien que se pose le problème ?
Notions à travailler (dans le travail préparatoire d’abord):
Langage
Expression => une pensée en soi à sortir hors de soi : ex-pression
Communication => relation avec autrui, mon semblable avec qui je peux faire communauté, avec qui j’ai quelque chose en commun (communication) / la communication comme information /
Echanges
Volonté (désir ? pourquoi pas ! mais risque de complexifier davantage la réflexion en nous éloignant du langage !)
Conscience (pensée) / Inconscient (maîtrise / non maitrise)
Secret / révélation (malgré tout) => Ce que l’on veut exprimer et ce que l’on ne veut pas exprimer (à des fins de communication) à autrui…
Trahison => le langage qui pourrait trahir notre pensée (voir les deux sens de la trahison)
Le sens et l’insensé
Recourir au langage, est-ce renoncer à la violence ?
Le langage trahit-il la pensée ?
Notre vision du monde doit-elle quelque chose au langage ?
Ne venez surtout pas me parler de dons naturels, de talents innés ! On peut citer dans tous les domaines de grands hommes qui étaient peu doués. Mais la grandeur leur est venue, ils se sont faits « génies » (comme on dit), grâce à certaines qualités dont personne n’aime à trahir l’absence quand il en est conscient ; ils possédaient tous cette solide conscience artisanale qui commence par apprendre à parfaire les parties avant de se risquer à un grand travail d’ensemble ; ils prenaient leur temps parce qu’ils trouvaient plus de plaisir à la bonne facture du détail, de l’accessoire, qu’à l’effet produit par un tout éblouissant. Il est facile, par exemple, d’indiquer à quelqu’un la recette pour devenir bon nouvelliste, mais l’exécution en suppose des qualités sur lesquelles on passe en général en disant : « je n’ai pas assez de talent ». Que l’on fasse donc cent projets de nouvelles et davantage, aucun ne dépassant deux pages, mais d’une précision telle que chaque mot y soit nécessaire ; que l’on note chaque jour quelques anecdotes jusqu’à savoir en trouver la forme la plus saisissante, la plus efficace, que l’on ne se lasse pas de collectionner et de brosser des caractères et des types d’humanité, que l’on ne manque surtout pas la moindre occasion de raconter et d’écouter raconter, l’oeil et l’oreille attentifs à l’effet produit sur les autres, que l’on voyage comme un paysagiste, comme un dessinateur de costumes, que l’on extraie d’une science après l’autre tout ce qui, bien exposé, produit un effet d’art, que l’on réfléchisse enfin aux motifs des actions humaines, ne dédaigne aucune indication qui puisse en instruire, et soit jour et nuit à collectionner les choses de ce genre. On laissera passer une bonne dizaine d’années en multipliant ces exercices, et ce que l’on créera alors en atelier pourra se montrer aussi au grand jour de la rue.
Parfois il faut d’abord écouter pour comprendre. Une fois que l’on a compris, on écrit dans le but de ne pas oublier. Parfois, c’est tout long que l’on prend des notes.
Il faut savoir distinguer l’essentiel de l’accessoire, mais en même temps il faut savoir que ce qui peut paraître un détail peut s’avérer être important.
Le cours ne se réduit pas seulement à ce qui a été préparé par l’enseignant ni à ce qu’il dit. Le cours forme un tout et comprend les interventions et la participation des élèves. C’est pourquoi, il ne convient pas de négliger dans sa prise de notes ses propres questions, réflexions ou remarques, ainsi celles des autres.
A chaque cours on procédera de la manière suivante :
Toujours commencer par mettre la date et écrire le titre du cours. A chaque fois qu’une notion ou un auteur est mentionné, on prendra soin de le noter, avec si possible quelques brèves indications. Faire de même avec le vocabulaire utilisé. A savoir que celui-ci peut être technique, propre à la philosophie elle-même ou à d’autres disciplines ou bien être tout à fait usuel prenant un sens philosophique. On pourra également noter les notions dites repères utilisés. On pourra se constituer assez aisément un lexique.
Procéder ainsi permettra de faire aisément des synthèses utiles (fiche-notion, ou fiche-auteur) et un lexique de vocabulaire pour les révisions.
Sujet 1 : Les leçons de l’expérience suffisent-elles à nous rendre savants ?
Sujet 2 : L’art peut-il se passer de règles ?
Sujet 3 : Pour les actes accomplis par crainte de plus grands maux ou pour quelque noble motif (par exemple, si un tyran nous ordonne d’accomplir une action honteuse, alors qu’il tient en son pouvoir nos parents et nos enfants, et qu’en accomplissant cette action, nous assurerions leur salut, et en refusant de la faire, leur mort), pour de telles actions la question est débattue de savoir si elles sont volontaires ou involontaires. C’est là encore ce qui se produit dans le cas d’une cargaison que l’on jette par-dessus bord au cours d’une tempête : dans l’absolu, personne ne se débarrasse ainsi de son bien volontairement, mais quand il s’agit de son propre salut et de celui de ses compagnons, un homme de sens agit toujours ainsi. De telles actions sont donc mixtes, tout en ressemblant plutôt à des actions volontaires, car elles sont librement choisies au moment où on les accomplit, et la fin de l’action varie avec les circonstances de temps. On doit donc, pour qualifier une action de volontaire ou d’involontaire, se référer au moment où elle s’accomplit. ARISTOTE, Éthique à Nicomaque, (vers 335 avant J.C.) Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble. 1. Dégager la thèse du texte et la manière dont elle est établie. 2. a) Expliquer : « dans l’absolu, personne ne se débarrasse ainsi de son bien volontairement » b) Expliquer : « de telles actions sont donc mixtes, tout en ressemblant plutôt à des actions volontaires » 3. Les circonstances font-elles toujours obstacle à notre liberté ?
« Tout vouloir procède d’un besoin, c’est-à-dire d’une privation, c’est-à-dire d’une souffrance. La satisfaction y met fin ; mais pour un désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés ; de plus le désir est long et ses exigences tendent à l’infini ; la satisfaction est courte et elle est parcimonieusement mesurée. Mais ce contentement suprême n’est lui-même qu’apparent ; le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir ; le premier est une déception reconnue, le second est une déception non encore reconnue. La satisfaction d’aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable. C’est comme l’aumône qu’on jette à un mendiant : elle lui sauve aujourd’hui la vie pour prolonger sa misère jusqu’à demain. – Tant que notre conscience est remplie par notre volonté, tant que nous sommes asservis à la pulsion du désir, aux espérances et aux craintes continuelles qu’il fait naître, tant que nous sommes sujets du vouloir, il n’y a pour nous ni bonheur durable, ni repos. Poursuivre ou fuir, craindre le malheur ou chercher la jouissance, c’est en réalité tout un ; l’inquiétude d’une volonté toujours exigeante, sous quelque forme qu’elle se manifeste, emplit et trouble sans cesse la conscience ; or sans repos le véritable bonheur est impossible. Ainsi le sujet du vouloir ressemble à Ixion attaché sur une roue qui ne cesse de tourner, aux Danaïdes qui puisent toujours pour emplir leur tonneau, à Tantale éternellement altéré ».
Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation (1818)