Il sera aujourd’hui question encore d’illusion. Après avoir réfléchi sur la religion de manière à savoir si la religion est un illusion et si finalement cette illusion n’est pas préférable à la rudesse de la vérité, en est-il de même pour la liberté. La liberté est-elle une illusion ? On ne voit pas en quoi elle pourrait l’être, car quand nous nous sentons libres, rien ne semble contrer ce sentiment. Que nous ne soyons pas toujours libres, nous pouvons en convenir aisément, de nombreux obstacles nous empêchent en effet de l’exercer toujours et pleinement, mais quand nous nous sentons libres, nous savons très bien que nous faisons l’expérience même de la liberté. Mais si cette liberté ainsi sentie n’était qu’une illusion ?
La liberté est-elle une illusion ?
Cette émission de France Culture « Les Nouveaux chemins de la connaissance » est en partenariat avec Philosophie Magazine, qui propose un plan détaillé sur le sujet.
Troisième temps, troisième épreuve aujourd’hui de notresemaine spéciale bac blanc de philo, pour vous aider à vous familiariser avec l’épreuve redoutable de philosophie au bac. Dissertation ou explication de texte, vous aurez le choix le jour J, c’est pourquoi cette semaine nous vous proposons deux sujets de dissertation et deux explications de textes, tous les deux corrigés par des professeurs de philosophie, et c’est aujourd’hui Mathilde Marès qui vient plancher sur un sujet typique susceptible de tomber le jour du bac, La liberté est-elle une illusion ?
Position de la problématique :
Afin de savoir si la liberté est une illusion, il nous faudra ainsi nous interroger sur la possibilité de juger de la liberté à l’aune des critères de la vérité et de fausseté, de l’apparence et de la réalité. Si apparence il y a, cette apparence peut-elle être attribuée à la liberté sans faire disparaître en même temps que l’illusion le champ de la décision et de l’action ? L’enjeu de notre devoir sera alors de montrer que la liberté ne peut se faire des illusions sans se perdre qu’à la condition de porter elle-même le masque de la tromperie.
Plan détaillé
I ) Nous chercherons à montrer dans une première partie que la liberté semble échapper au phénomène de l’illusion et apparaît au contraire comme sa condition de possibilité.
A) Pour se faire, nous établirons dans une première sous partie la présence à soi de la conscience qui dans la conscience qu’elle a de sa décision échappe à tout risque de tromperie ou d’erreur. Nous nous appuierons pour se faire sur l’article 39 deS Principes de la philosophie de Descartes.B) Dans un second temps, nous montrerons que loin de s’illusionner, la conscience dans son entreprise de penser est la condition de l’erreur, de la tromperie et de l’illusion. Nous étudierons à cette occasion le doute cartésien et notamment, le passage sur « le malin génie ». Il apparaîtra alors que s’il y a une liberté, c’est précisément une liberté qui s’affirmer au risque même de la tromperie alors même que tout a été jugé faux.C) Il sera alors possible dans une troisième partie d’affirmer de la puissance de l’illusion qu’elle peut être affirmation de la liberté elle-même. Ce sera alors l’occasion de parler de la puissance du « rêve » et de citer, si nécessaire,Matière et Mémoire de Bergson, où le rêve apparaît comme liberté. Texte à préciser.
II) Dans une deuxième partie, nous montrerons qu’un risque d’illusion peut néanmoins apparaître au sein même d’une conscience qui ignore d’où lui viennent ses pensées et ses décisions. La conscience serait ainsi le jouet de déterminismes qui la dépassent.
A) Dans une première sous partie, une étude du film « mon oncle d’Amérique » d’Alain Resnais nous montrera que la conscience ignore les causes « biologiques » qui la déterminent. Un tel film pourra mis être en parallèle avec « la lettre à Schuller » de Spinoza.B) Il faudra alors se demander si la connaissance de ce qui nous détermine en dissipant l’illusion ne dissipe pas également une liberté, qui nous apparaîtrait dès lors comme un songe creux ou vain.C) La troisième partie pourrait alors à montrer que la possibilité d’une liberté demeure d’un point de vue strictement théorétique. Si liberté il y a, ce ne peut être que celle d’une conscience qui dévoile la vérité derrière des apparences trompeuses. A ce titre, la philosophie de Spinoza, mais aussi celle de Descartes (Lettre à Elisabeth) nous apparaîtra comme l’affirmation d’une liberté de connaître le vrai. Réfutation sera ainsi faite la conception qui voit dans la liberté la puissance d’un arbitre indifférent.
III ) Parce qu’une telle conception de la liberté n’est pas sans subordonner le champ de la décision à celui de la connaissance, il sera alors nécessaire de nous demander dans une troisième partie si la liberté peut se conquérir dans une telle entreprise théorique de recherche du vrai. La liberté véritable n’échappe-t-elle pas aux critères de la vérité et de l’erreur en s’affirmant dans le champ pratique de l’action.
A) Dans une première sous partie, il nous faudra ainsi montrer que la liberté entendue comme liberté d’action dépasse la dichotomie de la réalité et de l’apparence, en s’affirmant comme acte qui révèle l’être que je suis dans un structure d’apparaître ou de projet (L’existentialisme est un humanisme , Sartre).B) Si illusion de liberté il y a, ce ne peut être que pour une conscience trompée par un trompeur : soi-même (« mauvaise foi ») ou les autres. A cet égard, le champ de la liberté politique apparaîtra comme le lieu où la représentation que je me fais ou que l’on me donne de ma liberté, peut me masquer le joug auquel je suis soumis.C) Dans une troisième sous partie, cette structure du mensonge à soi ou du mensonge que les autres immiscent au cœur de ma conscience, fera apparaître l’illusion qui se loge de manière constitutive au sein de ma liberté. La liberté comme pro-jet, sera ainsi définie comme écart de soi à soi, qui en même temps qu’il rend possible la responsabilité, me donne la possibilité de me fuir moi-même et de me tromper volontairement sur ma liberté même.