Pourquoi ne pas réviser la philosophie en vous entraînant sur ce texte, proposé aux élèves de la série S, au Liban, dans le cadre du baccalauréat 2014 ?
Quel est le problème dont il est question dans ce texte ? Quelle est la position de l’auteur ? Quels sont ses arguments ? S’oppose-t-il à une thèse ?
- Vous pouvez en commentaire lien leave a comment , proposer des formulations de problèmes, vos réflexions, …. ou même vos questions…
« Il n’est pas douteux (…) que la force n’ait été à l’origine de la division des anciennes sociétés en classes subordonnées les unes aux autres. Mais une subordination habituelle finit par sembler naturelle, et elle se cherche à elle-même une explication : si la classe inférieure a accepté sa situation pendant assez longtemps, elle pourra y consentir encore quand elle sera devenue virtuellement la plus forte, parce qu’elle attribuera aux dirigeants une supériorité de valeur. Cette supériorité sera d’ailleurs réelle s’ils ont profité des facilités qu’ils se trouvaient avoir pour se perfectionner intellectuellement et moralement; mais elle pourra aussi bien n’être qu’une apparence soigneusement entretenue. Quoi qu’il en soit, réelle ou apparente, elle n’aura qu’à durer pour paraître congénitale : il faut bien qu’il y ait supériorité innée, se dit-on, puisqu’il y a privilège héréditaire. La nature, qui a voulu des sociétés disciplinées, a prédisposé l’homme à cette illusion ».
BERGSON, Les Deux Sources de la morale et de la religion (1932)
Proposition d’Elodie : premier jet d’une amorce de travail préparatoire
Ce brouillon appelle des remarques : Il s’agit d’une première lecture, qui pour l’instant apparaît rapide. Il n’est pas certain qu’à ce stade le texte soit très bien compris :
Il faut donc poursuivre l’étude en reprenant la lecture du texte.
Le premier conseil est de bien faire attention à la première phrase. N’y a-t-il pas une double négation ? Une fois cette première phrase comprise, il sera plus facile de voir quelle est la position que Bergson soutient.
Il y a moyen de mieux montrer comment le texte est construit.
Quel est le problème que soulève le sujet ?
La dernière phrase parle d’une illusion. De quelle illusion s’agit-il ?
Sinon, je proposais comme thèse opposée à celle de l’auteur, la position naturaliste de Zola. Peut-être le naturalisme a-t-il été étudié par ailleurs en cours de littérature ? A défaut faire quelques recherches.
Bonjour,
j’ai fait la même erreur dans la première phrase qui est troublante à cause de cette double négation qui nous laisse penser que c’est la force qui est à l’origine de cette division. Mais en fait non, selon Bergson, la force n’est pas à l’origine de cette inégalité. La question qui nous vient tout de suite à l’esprit est : qu’est ce qui est à l’origine de cette division?
C’est justement ce que Bergson cherche à savoir à travers son analyse. Ensuite, il associe l’habitude et le naturel. ( à développer).
Travail préparatoire
Thème de l’extrait: les inégalités sociales
Question : Qu’est ce qui est à l’origine de cette division? Qu’est ce qui est responsable de cette inégalité dans notre société?
Position et réponse de l’auteur: Bergson serait tenter de penser que ce sont les habitudes qui sont responsables de cette inégalité.
Thèse opposée: la force est à l’origine de cette division.
Quelques exemples: celui du patron et de son ouvrir, les préjugés sur l’hérédité des classes sociales(si mon père est ouvrier je le serai aussi.)
Structure logique :
-du début jusqu’à « supériorité de valeur » la première phrase à expliquer. Expliquer aussi la deuxième par rapport au fait que les classes existent à cause des habitudes qui deviennent de plus en plus normales, naturelles.
-de « Cette supériorité » à « privilège héréditaire » on pourra introduire l’exemple des préjugés puisque la classe sociale n’est pas héréditaire. Ce n’est pas parce que mon père est un ouvrier que je le serai nécessairement.
-la dernière phrase qui cache beaucoup de choses. L’illusion évoquée est le fait que la force soit responsable de la division. La nature l’a voulu pour que l’on respecte les règles. En effet, lorsque l’on sait qu’il faut accepter les inégalités, il n’y a pas de problèmes alors que lorsque l’ on désobéit, on cherche à se faire entendre avec des manifestations. …
Un mot sur la double négation dont parle Séverine.
La première phrase du texte de Bergson :
« Il n’est pas douteux (…) que la force n’ait été à l’origine de la division des anciennes sociétés en classes subordonnées les unes aux autres » => il est douteux que la force soit à l’origine …
Pourquoi Bergson emploie-t-il cette double négation ?
L’opinion considère généralement comme une certitude indubitable que c’est la force qui explique qu’il y a une hiérarchie entre les classes sociales : qu’il existe des dominatrices sur des dominées, pour la simple raison naturelle que les dominatrices sont plus fortes que les dominées.
Bergson à travers cette phrase s’oppose à cette apparente évidente. La force n’est en aucun cas à l’origine de cette hiérarchie entre les classes sociales, ce que Séverine, appelle inégalité. A sa manière, Bergson affirme que les inégalités sociales ne se fondent pas sur une force naturelle des uns sur les autres. On peut dire en passant que l’idée de Bergson est proche de celle de Rousseau pour qui, nous l’avons vu en cours, les inégalités ne trouvent pas de fondement dans la nature.
Si la nature n’explique pas les relations de subordination entre les classes sociales, la question est alors de savoir d’où vient que certaines classes sont dominées par d’autres ?
Il faudra effectivement étudier, comme le dit Séverine, le rôle de l’habitude, la force de l’habitude, à ne pas confondre avec une force naturelle. Autrement dit, à force de de voir cette subordination, on finit par croire que c’est normal, que c’est naturel. Il y a des classes dirigeantes et des classes subordonnées. De la même manière qu’il est naturellement des hommes faits pour commander et d’autres pour obéir (thèse d’Aristote), les classes dirigent parce qu’elles sont les plus aptes naturellement à diriger, de même que les classes subordonnées naturellement en deçà obéissent. Bergson se pose contre cette opinion courante.
Travail à poursuivre…
Dans ma première partie, j’aimerai développer essentiellement les deux premières phrases:
Tout d’abord, Bergson met en avant ce qu’il pense à l’aide d’une troublante double négation. Selon lui, la division des anciennes sociétés n’est pas due à la force. La société se divise en plusieurs classes sociales. Cela fait des années et des années que nous pensons que la force est à l’origine de cette division. Mais qu’est ce que l’on qualifie de force ? L’auteur évoqué une subordination. La force dont parle Bergson ici est liée à l’existence d’êtres dominants et d’êtres soumis à la domination, des êtres dominés. La subordination est en effet le fait de dépendre de quelque ou de quelque chose. Ici, il s’agit de la dépendance de quelqu’un, dépendre des dominants. Bergson met en avant une expression: une subordination habituelle. Nous savons déjà ce qu’est une subordination mais que veut il dire de plus avec cet adjectif? L’adjectif habituelle découle du nom féminin habitude. Une habitude est quelque chose qui se répète. Donc, une subordination habituelle est une dépendance qui se répète. Au fur et à mesure, cette subordination s’est répétée. Cela nous a donc incité à penser que la dépendance existe vraiment. Les Hommes se sont habitués à dominer et à obéir. Cela est donc devenu normal, naturelle. On pourrait se poser des questions à propos de la liberté des dominés. Est-ce légitime? Comme les dominés respectent des règles, ils ne sont pas libre. Ils n’utilisent pas leur libre arbitre. Cependant, ce n’est pas du tout le cas des dominants. La notion de liberté n’existe que pour les dominants. Être libre c’est faire ce que l’on veut. En effet, les dominants font ce qu’ils veulent mais pas les dominés. Cela est donc normal qu’il y ait des hommes qui dominent et qui sont dominé. Cette idée existe depuis Aristote qui la soutenait c’est a dire depuis avant JC.
Je voudrai reprendre le propos de Séverine (en italique) et faire des remarques invitant à aller plus loin dans la compréhension du texte de Bergson.
Dans ma première partie, j’aimerai développer essentiellement les deux premières phrases:
> Quelles seraient les autres parties ?
Tout d’abord, Bergson met en avant ce qu’il pense à l’aide d’une troublante double négation.
Selon lui, la division
> division ?
des anciennes sociétés
> il faudra certainement dire ce que Bergson entend par « anciennes société » => Bergson entend remonter aux origines. Si depuis tout temps, ou tout du moins aussi loin que l’on puisse remonter, il y a une relation de subordination entre les classes sociales, qu’est-ce qui peut bien expliquer cela ? Est-ce la nature, une force naturelle ?
n’est pas due à la force.
> explication de cette force naturelle, comme quelque chose qui dépasse toute volonté, ce que l’on pourrait appeler « la force des choses »…
La société se divise en plusieurs classes sociales.
On peut penser ici à Karl Marx pour qui la société se divise en plusieurs classes sociales se trouvant nécessairement en position de conflit. La lutte des classes est pour lui le moteur même de l’histoire.
Cela fait des années et des années que nous pensons que la force est à l’origine de cette division.
> Il vaut mieux utiliser une autre expression (« des années et des années« ), car cela ne donne pas l’idée de quelque chose qui s’est toujours trouvé. C’est parce qu’on a toujours vu cette division qu’on suppose qu’elle s’explique par la nature, par la force des choses. Cela a toujours était ainsi. Donc cela sera toujours ainsi. On a tendance à penser qu’il s’agit là d’un déterminisme, une loi de la nature. C’est un fait que l’enfant d’esclaves sera esclaves ce qui n’est pas le cas du fils du maître….
Mais qu’est ce que l’on qualifie de force ? L’auteur évoque une subordination. La force dont parle Bergson ici est liée à l’existence d’êtres dominants et d’êtres soumis à la domination, des êtres dominés. La subordination est en effet le fait de dépendre de quelque ou de quelque chose. Ici, il s’agit de la dépendance de quelqu’un, dépendre des dominants.
> oui, « dominus » en latin c’est le maître, « servus », c’est l’esclave qui est au service du dominus. On pourrait donner quelques exemples : cf. Les sociétés par castes comme en Inde ou en Egypte ancienne, cf. Les Seigneurs et les serfs dans le Moyen-Age européen, les patrons capitalistes et les prolétaires…
Bergson met en avant une expression: une subordination habituelle. Nous savons déjà ce qu’est une subordination mais que veut il dire de plus avec cet adjectif? L’adjectif habituelle découle du nom féminin habitude. Une habitude est quelque chose qui se répète.
> Il y a moyen de mieux expliquer cette habitude. Il faut certainement la lier à la notion de persuasion et de croyance.
Donc, une subordination habituelle est une dépendance qui se répète.
En fait c’est à force d’être témoin de l’existence de cette subordination d’une classe dirigeante sur une classe dominée que l’on a l’habitude de penser que c’est normal, naturel (d’ailleurs travailler ce point, l’habitude => la norme (normal) => naturel.
Au fur et à mesure, cette subordination s’est répétée. Cela nous a donc incité à penser que la dépendance existe vraiment.
> Plutôt que vraiment, vaut mieux dire réellement. (voir la différence vrai / réel.)
Les Hommes se sont habitués à dominer et à obéir. Cela est donc devenu normal, naturelle.
>A force de courber l’échine, à force d’obéir… on en vient à penser que c’est son propre lot et qu’il convient de l’accepter, de se résigner. Peut-être ici évoquer la notion de fatalité. Puisque c’est le déterminisme qui semble présider cette division sociale en différentes classes, cette relation de subordination, la conséquence sur l’esprit des gens ne peut être que le fatalisme et la résignation à son égard, tout du moins pour les moins privilégiés à savoir ceux qui sont assujettis. (Une remarque : ne jamais oublié que ce n’est pas l’idée que partage Bergson, mais qu’il explique ce qui fait qu’il ne vient pas à l’idée des dominés de se révolter ou des dominants de ne pas faire changer les choses. Voir la fin du texte)
On pourrait se poser des questions à propos de la liberté des dominés. Est-ce légitime? Comme les dominés respectent des règles, ils ne sont pas libres. Ils n’utilisent pas leur libre arbitre.
> Je ne sais pas si c’est judicieux ici, ou en tout cas maintenant, de poser la question de la légitimité. En revanche, on pourrait se poser la question de savoir pourquoi des hommes d’une classe dominée par une autre, alors que les hommes des classes dirigeantes sont bien moins nombreux, restent si serviles, acceptent leur condition sans se rebeller voire se révolter. Pourquoi chez eux prédomine la résignation. Bergson explique cela dans le texte.
Cependant, ce n’est pas du tout le cas des dominants. La notion de liberté n’existe que pour les dominants. Être libre c’est faire ce que l’on veut. En effet, les dominants font ce qu’ils veulent mais pas les dominés. Cela est donc normal qu’il y ait des hommes qui dominent et qui sont dominé.
> C’est bien d’étudier d’une part le point de vue des dominés et d’autre part le point de vue des dominants, à propos de la situation de la société divisée en classes sociales, … Bien montrer que ces deux points de vue accepte cette division. A rapprocher de la fin du texte.
Cette idée existe depuis Aristote qui la soutenait c’est a dire depuis avant JC.
> Aristote soutenait en fait l’idée que par nature les uns sont fait pour commander et d’autres ont faits pour commander et que c’est ainsi la loi de la nature. Cette idée d’Aristote est en fait partagé par les uns et les autres. Les dominés pensent que c’est leur lot qui faut bien accepter et les dominants pensent que leur privilège leur est transmise de père en fils comme on dit.
Il faudrait donc approfondir et poursuivre l’étude de ce texte. Nous n’en avons vu qu’une partie….