Quelle est la différence entre l’anthropomorphisme et l’anthropocentrisme ?
La dernière vidéo de Giganto ! https://t.co/3aZ6PZiKnu— Adèle Van Reeth (@AdeleVanReeth) 30 mai 2016
Jour : 30 mai 2016
Pourquoi désobéir ?
De quoi sera faite la philosophie demain ? Et si demain, c’était déjà maintenant, et si la meilleure manière de répondre à nos interrogations était de continuer à se poser des questions ? Les Nouveaux Chemins de la Connaissance commence cette semaine avec Manuel Cervera-Marzal qui pose cette question :
Pourquoi désobéir ?
Pour écouter l’émission
Les lectures
– Henry David Thoreau, La Désobéissance civile (Le passager clandestin, 2007), p. 38-39.
– John Rawls, Théorie de la justice , trad. de Catherine Audard, (Seuil, 1987), p. 405-406.
– Gandhi, Tous les hommes sont frères, trad. Guy Vogelweith (Gallimard, 1969)
– Michel Foucault, Dits et écrits, II, 1976-1988, (Gallimard, 2001)
Manuel Cervera-Marzal
Docteur en science politique, Manuel Cervera-Marzal est actuellement ATER à l’EHESS et Honorary Fellow à la Chaire Hoover. Sa thèse porte sur la désobéissance civile. Il travaille actuellement sur les pratiques militantes au sein du parti politique espagnol Podemos. Ses recherches articulent la philosophie politique et la sociologie. Il est l’auteur de cinq ouvrages, parmi lesquels Miguel Abensour, critique de la domination, pensée de l’émancipation (Sens et Tonka, 2013) et Pour un suicide des intellectuels (Textuel, janvier 2016). Il a dirigé (avec Eric Fabri) l’ouvrage collectif Autonomie ou Barbarie. La démocratie radicale de Cornelius Castoriadis et ses défis contemporains (Passager clandestin, 2015).
BAC 2016. Les sujets de philo d’Amérique du nord pour la Série ES
Sujet 1
L’art peut-il être indifférent au beau ?
Sujet 2
Les hommes vivent-ils en société par intérêt ?
Sujet 3
« L’obligation n’est pas la nécessité. Quand j’abandonne une pierre à elle-même, elle tombe et ne peut pas faire autrement, et quand j’énonce cette loi générale, les corps sont attirés vers le centre de la terre, j’énonce une loi nécessaire en ce sens que les faits qu’elle embrasse ne sauraient en aucune manière s’y soustraire et cela tient à une raison fort simple. Les lois de la physique qui sont nécessaires ne sont guère que la constatation de ce qui se passe. Le physicien observe, expérimente et exprime par une formule générale le résultat de ses observations. Il est donc impossible que les faits se dérobent à la loi puisque la loi exprime les faits. Si un jour un phénomène ou un objet échappait à son influence, cela prouverait qu’elle est fausse, qu’elle n’est pas la vraie. Il faudrait en chercher une autre à laquelle obéissaient même les phénomènes nécessaires. Une loi nécessaire est donc une loi postérieure aux événements qu’elle régit. Elle en est l’expression, la formule et les événements ne peuvent s’y soustraire par la raison très simple qu’elle se borne à les traduire. Il n’en est pas ainsi pour la loi morale. Les lois de la morale sont antérieures aux événements qu’elles prétendent régir et c’est par là qu’elles se distinguent des lois physiques. Cette loi, il ne faut pas voler, n’est pas l’expression abrégée, l’expression générale de ce qui se passe. Il y a des vols et des voleurs ; elle n’indique pas ce qui est mais ce qui devrait être. Ce n’est point un abrégé de la réalité, c’est un idéal qui précède la réalité et auquel la réalité devrait se conformer. De là vient qu’à l’opposé des lois physiques, ces lois de la morale admettent des exceptions. On peut se soustraire à leur influence ; on ne le devrait pas, mais on le pourrait. Et c’est en quoi l’obligation se distingue de la nécessité. »
Henri BERGSON, Leçons de Clermont-Ferrand, 1883
Bac 2016. Les sujets de philo d’Amérique du nord pour la Série L
Sujet 1
Une vérité scientifique peut-elle être approximative ?
Sujet 2
Peut-on être soi-même devant les autres ?
Sujet 3
« Le royaume de la liberté commence seulement là où l’on cesse de travailler par nécessité et opportunité imposée de l’extérieur ; il se situe donc, par nature, au-delà de la sphère de la production matérielle proprement dite. De même que l’homme primitif doit lutter contre la nature pour pourvoir à ses besoins, se maintenir en vie et se reproduire, l’homme civilisé est forcé, lui aussi, de le faire et de le faire quels que soient la structure de société et le mode de production. Avec son développement s’étend également le domaine de la nécessité naturelle, parce que les besoins augmentent ; mais en même temps s’élargissent les forces productives pour les satisfaire. En ce domaine, la seule liberté possible est que l’homme social, les producteurs associés, règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, qu’ils la contrôlent ensemble au lieu d’être dominés par sa puissance aveugle et qu’ils accomplissent ces échanges en dépensant le minimum de force et dans les conditions les plus dignes, les plus conformes à leur nature humaine. Mais cette activité constituera toujours le royaume de la nécessité. »
Karl MARX, Le Capital (1867)
BAC 2016. Les sujets de philo d’Amérique du Nord pour la Série S
Sujet 1
Travailler est-ce seulement mettre en oeuvre des techniques ?
Sujet 2
Peut-on ne pas admettre la vérité ?
Sujet 3
Le gouvernement arbitraire d’un prince juste et éclairé est toujours mauvais. Ses vertus sont la plus dangereuse et la plus sûre des séductions: elles accoutument insensiblement un peuple à aimer, à respecter, à servir son successeur quel qu’il soit, méchant et stupide. Il enlève au peuple le droit de délibérer, de vouloir ou ne vouloir pas, de s’opposer même à sa volonté, lorsqu’il ordonne le bien ; cependant ce droit d’opposition, tout insensé qu’il est, est sacré: sans quoi les sujets ressemblent à un troupeau dont on méprise la réclamation, sous prétexte qu’on le conduit dans de gras pâturages. En gouvernant selon son bon plaisir, le tyran comment le plus grand des forfaits. Qu’est ce qui caractérise le despote ? Est-ce la bonté ou la méchanceté ? Nullement ; ces deux notions n’entrent pas seulement(1) dans sa définition. C’est l’étendue et non l’usage de l’autorité qu’il s’arroge. Un des plus grand malheurs qui pût(2) arriver à une nation, ce seraient deux ou trois règnes d’une puissance juste, douce, éclairée, mais arbitraire : les peuples seraient conduit par le bonheur à l’oubli complet de leurs privilèges, au plus parfait esclavage. »
Denis DIDEROT, Réfutation suivie de l’ouvrage d’Helvétius (1783-1786)
Notes
(1) « pas seulement » = pas du tout
(2) « qui pût » = qui pourrait
Faut-il commémorer ou oublier ?
Est-ce la même chose que de vouloir faire naître ou développer la conscience historique des jeunes et le devoir de mémoire ? Quel est le sens et le but d’une commémoration ? Cela participe-t-il à une conscience et mémoire collective ? Cette mémoire peut-elle raviver des haines ou bien au contraire est-elle le fondement d’une paix authentique et durable ? Oublier ne serait-il pas plus judicieux de manière à tourner des pages, terminer enfin ce grand livre des horreurs et penser un tout autre avenir, une toute autre société ? N’est-ce pas une illusion que de croire que l’on peut prendre des leçons de l’histoire ? Ne croule-t-on pas sous les commémorations sans que l’on puisse voir pour autant des progrès en matière d’humanité ?
Interrogation à poursuivre. Questions à développer. Thèses à échafauder et à discuter. Aller au-delà de toutes polémiques malsaines, pour penser vraiment. Qu’on ne se trompe pas, si certains polémiquent sur le fait que la scénographie des célébrations du centenaire de la bataille de Verdun, conçue par le cinéaste allemand Volker Schlöndorff, était un honteux et désolant, voire blasphématoire spectacle en ce qu’elle faisait courir et danser une jeunesse parmi les tombes et les croix, c’est certainement de la pure et simple récupération politique politicienne. Plus important est de réfléchir sur la nature, le sens et la valeur de l’acte commémoratif tout autant que ses limites. Que dit cet acte ou plus exactement la manière dont on s’y prend pour commémorer, ou encore notre rapport à la mémoire et à l’histoire sur notre société actuelle ?
Vendredi 27 mai en Guadeloupe, on commémorait l’abolition de l’esclavage, dimanche 29 mai on commémorait à Verdun le centenaire d’une bataille, le 6 juin prochain, le débarquement etc. L’occasion nous est donc donnée d’y réfléchir.
Des sujets de philosophie donnés au baccalauréat évoquant cette thématique :
4 dissertations
- Commémorer le passé, est-ce le connaître ?
- Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?
- L’intérêt de l’histoire, est-ce d’abord de lutter contre l’oubli ?
- Pour se libérer du passé faut-il l’oublier ?
Un texte d’Arthur Schopenhauer
L’usage de la raison individuelle suppose, à titre de condition indispensable, le langage ; l’écriture n’est pas moins nécessaire à l’exercice de cette raison de l’humanité : c’est avec elle seulement que commence l’existence réelle de cette raison, comme celle de la raison individuelle ne commence qu’avec la parole. L’écriture, en effet, sert à rétablir l’unité dans cette conscience du genre humain brisée et morcelée sans cesse par la mort : elle permet à l’arrière-neveu de reprendre et d’épuiser la pensée conçue par l’aïeul ; elle remédie à la dissolution du genre humain et de sa conscience en un nombre infini d’individus éphémères, et elle brave ainsi le temps qui s’envole dans une fuite irrésistible avec l’oubli, son compagnon. Les monuments de pierre ne servent pas moins à cette fin que les monuments écrits, et leur sont en partie antérieurs. Croira-t-on en effet que les hommes qui ont dépensé des sommes infinies, qui ont mis en mouvement les forces de milliers de bras, durant de longues années, pour construire ces pyramides, ces monolithes, ces tombeaux creusés dans le roc, ces obélisques, ces temples et ces palais, debout depuis des millénaires déjà, n’aient eu en vue que leur propre satisfaction, le court espace d’une vie, qui ne suffisait pas à leur faire voir la fin de ces travaux, ou encore le but ostensible que la grossièreté de la foule les obligeait à alléguer ? – Leur intention véritable, n’en doutons pas, était de parler à la postérité la plus reculée, d’entrer en rapport avec elle et de rétablir ainsi l’unité de la conscience humaine.
SCHOPENHAUER, Le Monde comme volonté et comme représentation (1819)