L’espoir fait-il vivre ?

Une série de 4 émissions des Nouveaux chemins de la connaissance :

« L’espoir fait-il vivre ? »

« L’espoir fait vivre ! » dit-on, ou bien « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ! » Que vous donnent à penser ces expressions ?
En cette période de rentrée, je vous propose de réfléchir à cette question, « L’espoir fait-il vivre ? »
Vous pourrez écouter la série des 4 émissions animées par Adèle Van Reeth, diffusées cette semaine sur France Culture. Vous découvrirez la position de différents auteurs, Kierkegaard, Camus, Malraux et Bernanos. L’exercice fécond possible sera de prendre des notes et de partager vos remarques et réactions.

 

L’espoir fait-il vivre ? (1/4): Kierkegaard, au-delà du désespoir
Soren Kierkegaard : lithographie de Neils Christian Kierkegaard

L’espoir fait-il vivre ?

1/4

Kierkegaard, au-delà du désespoir

53 minutes Écouter l'émissionaudio

Un conseil pour bien commencer cette nouvelle année : désespérez! Parce qu’il ne s’agit pas du tout se morfondre et de se résigner, mais de parvenir à une réelle conscience de soi, première étape du salut. Un premier entretien avec Vincent Delecroix, qui vous expliquera comment distinguer espoir du possible et espérance en l’absurde.

Quand l’espoir est un refuge qui dispense d’agir, disons-le clairement, il est inutile. Croiser les bras et soupirer « j’espère » ne vaut ni un faire, ni une prière. Mais quand il est moteur d’action, quand il permet d’échapper à la résignation, quand il accepte le désespoir et cesse de lutter contre lui, alors l’espoir s’étire et change de rime ; il devient l’espérance.

L’espoir fait-il vivre ? Certainement pas. Mais il peut faire mieux vivre, quand il donne le cœur à l’ouvrage, quand il conduit au courage, et, surtout, quand il n’oublie pas, parfois, de rire de lui-même.


Sisyphe par Titien (1548-1549), Musée du Prado

L’espoir fait-il vivre ?

2/4

Camus : « Il faut imaginer Sisyphe heureux »

53 minutes Écouter l'émissionaudio

« Il faut imaginer Sisyphe heureux. »

Condamné à une punition inutile et sans espoir, comment ce héros absurde peut-il être heureux ?

C’est que renoncer à l’espoir ne signifie pas céder au désespoir.

Camus nous apprend aujourd’hui à jouir de la vie et ce, malgré les virulentes critiques de Sartre et de Jeanson. Avec Marylin Maeso.

 


André Malraux, par R. Pic / BNF

L’espoir fait-il vivre ?

3/4

Malraux, ou comment échapper à son destin

53 minutes Écouter l'émissionaudio

Quel est le point commun entre Indiana Jones et André Malraux ?

Au delà de leur goût pour l’expédition archéologique, tous deux embrassent l’aventure humaine et ses imprévus.

Avec le même espoir, nous dit Jean-Claude Larrat :

celui d’échapper au destin imposé par la société.

.

.

.


Georges Bernanos

L’espoir fait-il vivre ?

4/4

Bernanos, l’espérance d’un curé de campagne

53 minutes Écouter l'émissionaudio

Si « Le désespoir est la charité de l’Enfer, qu’il sait tout, peut tout, veut tout », comment atteindre alors l’espérance selon Bernanos ? Réponse avec l’invitée Monique Gosselin-Noat.

 

 

 

 


Alain. La prise de conscience et ses paradoxes

Didier Maes,  Inspecteur Pédagogique Régional de Philosophie, nous explique un propos d’Alain qui n’a été publié qu’en 1955, soit 4 ans après la mort du philosophe. Texte difficile qui a été déjà donné comme sujet de baccalauréat.

Alain 1868-1951
Alain 1868-1951

« Dans le sommeil, je suis tout ; mais je n’en sais rien. La conscience suppose réflexion, division. La conscience n’est pas immédiate. Je pense, et puis je pense que je pense, par quoi je distingue Sujet et Objet, Moi et le monde. Moi et ma sensation. Moi et mon sentiment. Moi et mon idée. C’est bien le pouvoir de douter qui est la vie du moi. Par ce mouvement, tous les instants tombent au passé. Si l’on se retrouvait tout entier, c’est alors qu’on ne se reconnaîtrait pas. Le passé est insuffisant, dépassé. Je ne suis plus cet enfant, cet ignorant, ce naïf. Ce moment-là même j’étais autre chose en espérance, en avenir. La conscience de soi est la conscience d’un devenir et d’une formation de soi irréversible, irréparable. Ce que je voulais, je le suis devenu. Voilà le lien entre le passé et le présent, pour le mal comme pour le bien.
Ainsi le moi est un refus d’être moi, qui en même temps conserve les moments dépassés. Se souvenir, c’est sauver ses souvenirs, c’est se témoigner qu’on les a dépassés. C’est les juger. Le passé, ce sont des expériences que je ne ferai plus. Un artiste reconnaît dans ses oeuvres qu’il ne s’était pas encore trouvé lui-même, qu’il ne s’était pas encore délivré ; mais il y retrouve un pressentiment de ce qui a suivi. C’est cet élan qui ordonne les souvenirs selon le temps. »

ALAIN, Manuscrits inédits


La prise de conscience et ses paradoxes… par projeteee

Bergson. « Conscience est synonyme de choix »

Travail donné en classe donné à toutes les classes, avec quelques variantes au niveau des questions.

Sujet : Extrait, de la Conscience et la Vie de Bergson

Qu’arrive-t-il quand une de nos actions cesse d’être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s’en retire. Dans l’apprentissage d’un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu’il vient de nous, parce qu’il résulte d’une décision et implique un choix, puis, à mesure que ces mouvements s’enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns des autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et disparaît. Quels sont, d’autre part, les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l’aurons fait ? Les variations d’intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez, de création, que nous distribuons sur notre conduite. Tout porte à croire qu’il en est ainsi de la conscience en général. Si conscience signifie mémoire et anticipation, c’est que conscience est synonyme de choix.

1°) Comprendre le texte

  • Bergson, dans ce texte oppose deux façons d’agir, lesquelles ?
  • Pourquoi assimile-t-il les termes « choix » et « création » ?
  • Pourquoi dit-il « conscience signifie mémoire et anticipation » ?

2°) Souligner les enjeux du texte

  • Quel est l’intérêt de penser la conscience en termes de variation d’intensité plutôt qu’en termes de présence et d’absence ?

3°) Examiner les conséquences des thèses

  • Pour avoir le choix, il faut que plusieurs possibilités se présentent à nous. Dire que conscience est synonyme de choix n’est-ce pas affirmer le lien entre la conscience et la liberté ? Pour répondre à cette question, réfléchissez à la notion de création.
  • Quel est le lien entre la conscience et le temps ?

4°) Repérer le thème, la thèse et le problème du texte

  • Quel est le sujet abordé par Bergson ? (thème)
  • Que dit-il de particulier sur le thème ? (thèse + citation)
  • Quelle difficulté Bergson entend-il résoudre ? (problème)

5°) Dégagez de manière précise et détaillée la structure logique du texte

6°) Rédigez une introduction à l’étude de texte

Peut-on définir la conscience ?

Texte comme support du cours donné en amphi et comme sujet d’entraînement à l’étude de texte.

Faire un le travail préparatoire à l’étude de texte sur cet extrait de la Conscience et la Vie de Bergson et rédiger une introduction. Exercice donné aux élèves de TS

Remarques :

– si ce texte apparaît trop long pour constituer un sujet type bac, il donne cependant l’occasion de s’entraîner à l’étude de texte, de travailler la notion de conscience et de réviser le cours.

– Vous pouvez trouver un extrait plus long de la conférence donnée par Bergson dans l’Anthologie.

« Mais, qu’est-ce que la conscience ? Vous pensez bien que je ne vais pas définir une chose aussi concrète, aussi constamment présente à l’expérience de chacun de nous. Mais sans donner de la conscience une définition qui serait moins claire qu’elle, je puis la caractériser par son trait le plus apparent : conscience signifie d’abord mémoire. La mémoire peut manquer d’ampleur ; elle peut n’embrasser qu’une faible partie du passé ; elle peut ne retenir que ce qui vient d’arriver ; mais la mémoire est là, ou bien alors la conscience n’y est pas. Une conscience qui ne conserverait rien de son passé, qui s’oublierait sans cesse elle-même, périrait et renaîtrait à chaque instant : comment définir autrement l’inconscience ? Toute conscience est donc mémoire − conservation et accumulation du passé dans le présent.

      Mais toute conscience est anticipation de l’avenir. Considérez la direction de votre esprit à n’importe quel moment : vous trouverez qu’il s’occupe de ce qui est, mais en vue surtout de ce qui va être. L’attention est une attente, et il n’y a pas de conscience sans une certaine attention à la vie. L’avenir est là ; il nous appelle, ou plutôt il nous tire à lui : cette traction ininterrompue, qui nous fait avancer sur la route du temps, est cause aussi que nous agissons continuellement. Toute action est un empiétement sur l’avenir.

      Retenir ce qui n’est déjà plus, anticiper sur ce qui n’est pas encore, voilà donc la première fonction de la conscience. Il n’y aurait pas pour elle de présent, si le présent se réduisait à l’instant mathématique. Cet instant n’est que la limite, purement théorique, qui sépare le passé de l’avenir ; il peut à la rigueur être conçu, il n’est jamais perçu ; quand nous croyons le surprendre, il est déjà loin de nous. Ce que nous percevons en fait, c’est une certaine épaisseur de durée qui se compose de deux parties : notre passé immédiat et notre avenir imminent. Sur ce passé nous sommes appuyés, sur cet avenir nous sommes penchés ; s’appuyer et se pencher ainsi est le propre d’un être conscient. Disons donc, si vous voulez, que la conscience est un trait d’union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l’avenir. »

Bergson, La Conscience et la Vie dans l’Energie Spirituelle, 1910

Dans quel temps errons-nous ?

Pascal«  Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous nous rappelons le passé, pour l’arrêter comme trop prompt : si imprudents, que nous errons dans les temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons point au seul temps qui nous appartient ; et si vains, que nous songeons à ceux qui ne sont plus rien, et échappons sans réflexion le seul qui subsiste. C’est que le présent d’ordinaire nous blesse. Nous le cachons à notre vue, parce qu’il nous afflige ; et s’il nous est agréable, nous regrettons de le voir échapper. Nous tâchons de le soutenir par l’avenir, et pensons à disposer des choses qui ne sont pas en notre puissance, pour un temps où vous n’avez aucune assurance d’arriver.

 Que chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées au passé et à l’avenir. Nous ne pensons presque point au présent ; et, si nous y pensons, ce n’est que pour en prendre la lumière pour disposer de l’avenir. Le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais. »

                                                                                                                  Blaise Pascal, Pensée, 172B.

Importance des distinctions conceptuelles

 

 

Travaux Pratiques effectués en classe

Nous sommes dans le cadre d’un cours sur l’existence et le temps, intitulé, l’existence de l’homme assujettie au temps

Exercice 1

Dans un premier temps, nous avons travaillé un certain nombre de définitions concernant des notions importantes pour notre réflexion. Il s’agit d’insister sur un point important dans le travail nécessaire de conceptualisation, celui de la distinction conceptuelle. Les termes sont souvent très proches, mais il ne s’agit pas pour autant des les assimiler ou de les confondre. La moindre nuance peut susciter une réflexion.

exercice 1Exercice 2

exercice 2

Exercice 3

exercice 3

08 Alberola, Le rien

Exercice 4 : à faire à la maison

exercice 4