Bergson. « Conscience est synonyme de choix »

Travail donné en classe donné à toutes les classes, avec quelques variantes au niveau des questions.

Sujet : Extrait, de la Conscience et la Vie de Bergson

Qu’arrive-t-il quand une de nos actions cesse d’être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s’en retire. Dans l’apprentissage d’un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu’il vient de nous, parce qu’il résulte d’une décision et implique un choix, puis, à mesure que ces mouvements s’enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns des autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et disparaît. Quels sont, d’autre part, les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l’aurons fait ? Les variations d’intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez, de création, que nous distribuons sur notre conduite. Tout porte à croire qu’il en est ainsi de la conscience en général. Si conscience signifie mémoire et anticipation, c’est que conscience est synonyme de choix.

1°) Comprendre le texte

  • Bergson, dans ce texte oppose deux façons d’agir, lesquelles ?
  • Pourquoi assimile-t-il les termes « choix » et « création » ?
  • Pourquoi dit-il « conscience signifie mémoire et anticipation » ?

2°) Souligner les enjeux du texte

  • Quel est l’intérêt de penser la conscience en termes de variation d’intensité plutôt qu’en termes de présence et d’absence ?

3°) Examiner les conséquences des thèses

  • Pour avoir le choix, il faut que plusieurs possibilités se présentent à nous. Dire que conscience est synonyme de choix n’est-ce pas affirmer le lien entre la conscience et la liberté ? Pour répondre à cette question, réfléchissez à la notion de création.
  • Quel est le lien entre la conscience et le temps ?

4°) Repérer le thème, la thèse et le problème du texte

  • Quel est le sujet abordé par Bergson ? (thème)
  • Que dit-il de particulier sur le thème ? (thèse + citation)
  • Quelle difficulté Bergson entend-il résoudre ? (problème)

5°) Dégagez de manière précise et détaillée la structure logique du texte

6°) Rédigez une introduction à l’étude de texte

Peut-on définir la conscience ?

Texte comme support du cours donné en amphi et comme sujet d’entraînement à l’étude de texte.

Faire un le travail préparatoire à l’étude de texte sur cet extrait de la Conscience et la Vie de Bergson et rédiger une introduction. Exercice donné aux élèves de TS

Remarques :

– si ce texte apparaît trop long pour constituer un sujet type bac, il donne cependant l’occasion de s’entraîner à l’étude de texte, de travailler la notion de conscience et de réviser le cours.

– Vous pouvez trouver un extrait plus long de la conférence donnée par Bergson dans l’Anthologie.

« Mais, qu’est-ce que la conscience ? Vous pensez bien que je ne vais pas définir une chose aussi concrète, aussi constamment présente à l’expérience de chacun de nous. Mais sans donner de la conscience une définition qui serait moins claire qu’elle, je puis la caractériser par son trait le plus apparent : conscience signifie d’abord mémoire. La mémoire peut manquer d’ampleur ; elle peut n’embrasser qu’une faible partie du passé ; elle peut ne retenir que ce qui vient d’arriver ; mais la mémoire est là, ou bien alors la conscience n’y est pas. Une conscience qui ne conserverait rien de son passé, qui s’oublierait sans cesse elle-même, périrait et renaîtrait à chaque instant : comment définir autrement l’inconscience ? Toute conscience est donc mémoire − conservation et accumulation du passé dans le présent.

      Mais toute conscience est anticipation de l’avenir. Considérez la direction de votre esprit à n’importe quel moment : vous trouverez qu’il s’occupe de ce qui est, mais en vue surtout de ce qui va être. L’attention est une attente, et il n’y a pas de conscience sans une certaine attention à la vie. L’avenir est là ; il nous appelle, ou plutôt il nous tire à lui : cette traction ininterrompue, qui nous fait avancer sur la route du temps, est cause aussi que nous agissons continuellement. Toute action est un empiétement sur l’avenir.

      Retenir ce qui n’est déjà plus, anticiper sur ce qui n’est pas encore, voilà donc la première fonction de la conscience. Il n’y aurait pas pour elle de présent, si le présent se réduisait à l’instant mathématique. Cet instant n’est que la limite, purement théorique, qui sépare le passé de l’avenir ; il peut à la rigueur être conçu, il n’est jamais perçu ; quand nous croyons le surprendre, il est déjà loin de nous. Ce que nous percevons en fait, c’est une certaine épaisseur de durée qui se compose de deux parties : notre passé immédiat et notre avenir imminent. Sur ce passé nous sommes appuyés, sur cet avenir nous sommes penchés ; s’appuyer et se pencher ainsi est le propre d’un être conscient. Disons donc, si vous voulez, que la conscience est un trait d’union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l’avenir. »

Bergson, La Conscience et la Vie dans l’Energie Spirituelle, 1910