TL et TES. Quelle place pour le plaisir dans la vie heureuse ?

Préparation du Devoir-Surveillé n°1

Le sujet-texte

Expliquez le texte suivant :

Image« Le fait que l’ami est autre que le flatteur semble montrer clairement que le plaisir n’est pas un bien, ou qu’il y a des plaisirs spécifiquement différents. L’ami, en effet, paraît rechercher notre compagnie pour notre bien, et le flatteur pour notre plaisir, et à ce dernier on adresse des reproches et à l’autre des éloges, en raison des fins différentes pour lesquelles ils nous fréquentent. En outre, nul homme ne choisirait de vivre en conservant durant toute son existence l’intelligence d’un petit enfant, même s’il continuait à jouir le plus possible des plaisirs de l’enfance ; nul ne choisirait non plus de ressentir du plaisir en accomplissant un acte particulièrement déshonorant, même s’il ne devait jamais en résulter pour lui de conséquence pénible. Et il y a aussi bien des avantages que nous mettrions tout notre empressement à obtenir, même s’ils ne nous apportaient aucun plaisir, comme voir, se souvenir, savoir, posséder les vertus. Qu’en fait des plaisirs accompagnent nécessairement ces avantages ne fait pour nous aucune différence, puisque nous les choisirions quand bien même ils ne seraient pour nous la source d’aucun plaisir. Qu’ainsi donc le plaisir ne soit pas le bien, ni que tout plaisir soit désirable, c’est là une chose, semble-t-il, bien évidente. »

Aristote, Ethique à Nicomaque

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Exercices :

  • Prendre connaissance du texte
  • Procéder au travail préparatoire de l’étude de texte
  • Exploiter le travail préparatoire
Manuscrit du XIIIè siècle
Ethique à Nicomaque

Compte-rendu de la séance avec les TL

Une séance similaire a eu lieu avec la classe de TES

On a commencé par un rappel de la nécessité d’effectuer un travail préparatoire avant de se lancer dans un quelconque commentaire du texte. Ce travail préparatoire est constitué de questions auxquelles il faut tâcher de répondre.  Quel est le thème ? Quelle est la question à laquelle répond l’auteur dans ce texte ? Quelle en est la réponse ? (sa thèse ou l’idée directrice) Comment l’auteur dit-il ce qu’il dit ? (étude de la structure logique et mise en évidence de l’argumentation de l’auteur) A quelle position s’oppose l’auteur ? (Cette thèse opposée peut-être explicite ou implicite) Qu’est-ce qui mérite d’être expliquer ? (parce que c’est essentiel à la compréhension du texte, parce qu’il s’agit de notions importantes qu’il faut définir et rendre compte de leur articulation…) Ces questions sont toujours les mêmes quelque soit le texte à étudier. S’ajoutent à ces questions celles qui s’adressent plus particulièrement au texte donné. Elles sont celles qui permettent d’interroger le texte, de creuser le problème qu’il soulève, d’interpeller l’auteur sur tel ou tel point, sur une difficulté… Ce travail préparatoire s’effectue tant que l’idée d’une version définitive de l’étude n’apparaît pas claire et précise. En temps limité (4h), ce travail préparatoire peut prendre facilement deux heures. Les deux autres heures seront destinées à la rédaction de l’étude détaillée. L’étude rendue doit comporter évidemment une introduction, un développement structuré et d’une conclusion. L’introduction présente le texte en montrant de quoi il est question, quel est le problème qu’il soulève et la position et l’argumentation de l’auteur. Le développement a pour but d’analyser le texte de la manière la plus détaillée possible. Et à la question du plan à adopter dans le développement, nous répondrons par celui du texte ; autrement dit, on tachera de suivre l’ordre des idées de l’auteur. Et la conclusion tâchera de dresser le bilan de l’étude menée. La proposition du jour est de réaliser un travail qui tend vers la version définitive de l’étude de texte. Le texte soumis à l’étude est un extrait de l’Ethique à Nicomaque d’Aristote.

La première lecture nous a conduit à lister des quelques mots semblant ressortir du texte et à quelques questions. Ces mots sont « ami », « plaisir », « flatteur », « enfance ». Nous remarquons que ces mots ne joue pas le même rôle. Et les questions : « qu’est-ce qu’un ami ? » ; « Le plaisir est-il indispensable ? » ; « Est-il de l’ordre du besoin ? »

« Ami », « flatteur » et « enfance » se réfèrent chacun à une réalité concrète, alors que « plaisir » est plutôt de l’ordre de l’idée abstraite. L’idée abstraite doit nous permettre en principe de penser la réalité concrète. La conceptualisation philosophique est construction d’idées abstraites articulées pour penser le concret, ce sans quoi la philosophie risquerait de se retrouver complètement déconnectée de la réalité. Ceci étant dit, on comprend que, dans ce texte d’Aristote, le mot plaisir doit en principe permettre de penser une idée et les mots amis, flatteur et enfance relever de l’exemple. Les lectures suivantes devront pouvoir certainement compléter la liste des mots et préciser cette distinction abstrait / concret en se posant la question : qu’est-ce qui relève de l’idée et qu’est-ce qui relève de l’exemple ? quel est le lien entre l’idée et l’exemple ?

En ce qui concerne les quelques questions qui sont apparues lors de cette première lecture, la première « qu’est-ce qu’un ami ? » est vite abandonnée comme étant la question du texte. En effet, sans vouloir préjuger à l’avance de sa pertinence par ailleurs, ni d’ailleurs dans ce texte, la question importe peu ici, cependant la position d’Aristote au sujet de l’amitié devra être étudiée. Pourquoi parle-t-il de l’amitié ? qu’est-ce qu’il en dit ? dans quel but ? D’ailleurs, il conviendra de se poser les mêmes questions par rapport au flatteur et à l’amitié. En revanche, on peut dors et déjà retenir l’autre questions, à savoir, « Le plaisir est-il indispensable ? est-il de l’ordre du besoin ? »  Cette question a le mérite de nous plonger déjà au coeur même du texte. Nous ne savons pas encore cependant, s’il s’agit de la question du texte.  Il est à remarquer que tout ce que nous pouvons dire à l’occasion de cette exploration du texte et lors de la constitution préparatoire à l’étude de texte reste provisoire et demande à être vérifié, travaillé, approfondie. L’important est de s’accrocher sur ce que l’on pense avoir compris et de manière concentrique d’élargir l’exploration du texte, en déplaçant si l’on peut dire le projecteur. Il faut donc poursuivre la lecture, approfondir notre compréhension.

Les lectures suivantes ont permis d’élargir la liste des mots importants et surtout des associations importantes : Même si le mot bonheur n’apparaît pas dans ce texte on voit bien que l’idée de bonheur est bien présente. Associé à « existence » le bonheur permet d’évoquer l’idée d’existence heureuse. La question de la place du plaisir dans l’existence heureuse survient. Le bonheur semble être l’enjeu du texte, un objectif d’Aristote dans ce texte. Il conviendra certainement de préciser ce point. Face à cette question, l’opinion commune répondrait, semble-t-il, que le plaisir est indispensable : pas de bonheur sans plaisir. Le plaisir est constitutif du bonheur. La question sera de savoir ce qu’il en est de la position d’Aristote à ce propos.

En outre, on a remarqué qu’Aristote dans ce texte opère souvent par mise en rapport. Par exemple, il met en rapport l’ami et le flatteur parallèlement au rapport bien et plaisir. Au passage remarquons ce terme de « bien » qui est capital dans ce texte ; il faudra être en mesure de bien le définir. Il est à remarquer qu’Aristote s’oppose à l’opinion commune évoquée précédemment que seul le plaisir est désirable et permet le bonheur. Il soutient au contraire l’idée selon laquelle le bien est ce qui doit être recherché, le bien étant supérieur au plaisir. « Le plaisir n’est pas un bien » dit-il. Il le montre en disant : « L’ami, en effet, paraît rechercher notre compagnie pour notre bien, et le flatteur pour notre plaisir ».

Ces premières lectures ont permis une première approche du texte. Il nous semble avoir une bonne intuition du texte. Il nous faut maintenant aller plus en profondeur en tentant de rendre compte du thème, du problème  et de la thèse.

La thèse centrale semble être le plaisir mais on voit bien qu’il est aussi question du bien et du désir. Pour être plus précis, disons que ce texte a pour objectif de démontrer que le bien-être de l’homme, son bonheur, celui qui doit être recherché, visé, désiré, est à comprendre non pas comme plaisir mais comme bien. Reformulons, le texte parle d’un bonheur entendu non comme la satisfaction du désir mais comme la quête du bien moral. Finalement, le rapport entre le bonheur et la morale est la thématique générale du texte d’Aristote. Ainsi, la question à laquelle semble répondre l’auteur est la suivante : comment être heureux ? Et pour donner à cette question tout son caractère problématique, reformulons-là sous la forme d’une alternative : faut-il satisfaire ses désirs ou bien chercher à accomplir le bien pour être heureux ?

 Il apparaît qu’Aristote cherche à distinguer plaisir et bien dans le seul but de critiquer la recherche superficielle du plaisir et ainsi de proposer un modèle de bonheur bien plus abouti. A la fin de l’extrait, il dit que si le plaisir n’est pas le bien, ni que tout plaisir est désirable, « c’est là une chose bien évidente ». Pour notre philosophe, la recherche du plaisir ne comble pas notre désir d’être heureux et le bonheur consiste plutôt à rechercher le bien. Le bien est, selon lui, seul capable de nous satisfaire de manière autant stable que complète, à la différence du plaisir très ponctuel, superficiel, changeant et éphémère. Le bien sied donc bien mieux au bonheur que le plaisir. Il s’agira pour nous de savoir comment il faut comprendre ce rapport entre le bien et le plaisir et leur lien respectif avec le bonheur. En fait tout le problème que soulève Aristote dans cet extrait est de savoir si le seul plaisir peut nous rendre heureux ou bien si l’on doit le chercher ailleurs,dans la recherche du bien. Mais ce bien, de quoi s’agit-il au juste ? et d’autre part, si le plaisir n’est pas le bonheur, alors quelle place doit-on lui accorder dans notre existence ? Devons-nous tout bonnement y renoncer ? Devons-nous sacrifier tout tendance vers le plaisir pour s’adonner à la seule recherche du bien ? Toutes ces questions permettent de creuser le problème et de bien comprendre la position de l’auteur en vue de l’expliquer.

Maintenant que nous pensons avoir compris l’idée générale d’Aristote dans cet extrait, cherchons à savoir comment il dit ce qu’il dit, à mettre en évidence son argumentation. Pour ce faire, nous allons procéder à l’étude de la structure logique.

On peut distinguer trois parties dans ce texte : Dans un premier temps, [« Le fait que l’ami est autre que le flatteur => et pour lesquelles ils nous fréquentent« ] Aristote annonce sa thèse en posant la distinction bien / plaisir. Pour ce faire, il utilise un exemple, celui de l’ami qui se différencie du flatteur. Alors que l’ami recherche notre compagnie pour notre bien, le flatteur c’est pour bien d’autre raison, en l’occurrence, pour le plaisir. Par ce procédé, on comprend déjà que le bien est préférable au plaisir. Dans un deuxième temps, [« En outre, nul homme ne choisirait => conséquence pénible« .] il met en évidence la possibilité de ne pas rechercher le plaisir. Pour ce faire, il utilise un raisonnement proche du raisonnement par l’absurde : qui voudrait du plaisir d’enfant ou du plaisir déshonorant ? Il est donc des plaisirs qui ne sont pas désirables. Dans un troisième temps, [« Et il y a aussi bien des avantages => bien évidente« ] il met cette fois-ci en évidence la possibilité de désirer autre chose que le plaisir. Cet autre chose étant le bien. Pour ce faire, Aristote prend des exemples de biens voir, se souvenir, savoir, posséder des vertus. Et quand bien même ces biens ne nous procureraient aucun plaisir il nous sont bien  plus avantageux. Ce texte se termine (dernière phrase) par cette idée considérée désormais comme une évidence que des biens sont plus désirables que le plaisir.

La séance pris fin avec des consignes pour terminer le travail préparatoire :

  • A quelle thèse Aristote s’oppose-t-il dans ce texte ?
  • Qu’est-ce qui, dans ce texte, doit être expliqué ? 

TL. S’affranchir de la toute-puissance de Dieu pour affirmer sa liberté ?

Rédaction d’Aurélie E, TL, à partir du cours du jour

La question est pour nous de savoir en quel sens l’homme peut-il être dit sujet. Est-il sujet libre, lui-même auteur de ses pensées et de ses actes, ou bien au contraire, est-il assujetti, contraint par des forces ou des déterminismes qui le dépassent ? Nous avons vu que l’on peut penser l’homme assujetti à la toute-puissance divine. Et si nous avons évoqué cette possibilité, c’est parce que c’est une position que l’on retrouve dans les différentes époques et les différentes cultures. Mais qu’en est-il exactement ? L’homme est-il réellement soumis à cette toute-puissance ? Cette position selon laquelle l’homme y serait assujetti n’a-t-elle pas de sens seulement si l’on n’est pas croyant. ? D’un certain point de vue, ne peut-on pas dire que Dieu assujettit par sa puissance ceux qui y croient ? Ainsi, inversement l’athéisme, en tant que négation de Dieu, n’est-il pas, d’une certaine manière affirmation de la liberté humaine ? Mais celle-ci ne se heurte-t-elle pas au déterminisme de la nature ? Qu’en est-il exactement ?

Etre libre sans Dieu ?

extrait de la couverture du livre de Frédéric Allouche

On peut être athée, on peut ne pas croire en Dieu, on peut le nier. Sartre, par exemple, niait l’existence de Dieu. Selon lui, Dieu est en quelque sorte un verrou qui nous empêche d’être libre. Selon Sartre [1], il vaut mieux nier Dieu que d’accepter l’idée du regard d’un Dieu sans cesse posé sur moi, autrement dit, mieux vaut choisir l’athéisme plutôt que la croyance en un Dieu insupportablement voyeur, croyance qui nie la liberté humaine. En effet, si Dieu est cet être inquisiteur, scrutant sans cesse nos pensées et nos actes, comment peut-on, dans ces conditions, penser la liberté humaine. Dieu, omniscient, omniprésent et omnipotent pèse sur ses sujets. En niant Dieu, on libère l’homme du joug divin, de ce regard sur lui en permanence cesse présent et pressant, de ce poids qui l’entrave. Ainsi, si Dieu n’existe pas ou si nous ne croyons pas en Dieu, l’assujettissement de l’homme à la toute-puissance divine n’a plus de sens. Donc, nier Dieu serait donc ainsi affirmer la liberté de l’homme. D’ailleurs, Dieu ne dépend-il pas en quelque sorte de la liberté humaine d’affirmer ou de nier son existence ? L’existence ou la non-existence de Dieu ne dépend-t-elle pas de la conscience qui l’affirme ou qui l’a nie? Que devient Dieu si l’on décide en conscience de pas y croire ? Ainsi, peut-on dire que l’absence de Dieu correspond à la liberté humaine, e d’autres termes si « Dieu n’existe pas alors tout est permis » [2]. Une remarque cependant ; nier revient-il à faire ce que l’on veut comme on veut quand on veut ? Pour le philosophe existentialiste, l’idée de considérer que Dieu n’existe pas ne doit pas pour autant conduire à affirmer l’irresponsabilité de l’homme, la liberté du faire n’importe quoi. Tout n’est pas permis, seulement il conviendra d’assumer pleinement ses choix et ses actes. Telle est donc l’objection qu’il est possible de poser à l’idée affirmant la tout-puissance transcendante de Dieu sur l’homme. Mais cette objection tient-elle vraiment ? S’affirmer comme sujet libre niant Dieu suffit-il pour s’affranchir de tout asservissement ?

L’athéisme rend-il l’homme libre ?

Déjà, il ne suffit pas de dire que Dieu n’existe pas pour qu’il n’existe pas. Ensuite, cette négation de  Dieu ne rend pas l’homme plus libre. Ce n’est pas en mettant en doute la toute-puissance de Dieu, ou en la niant que l’on affirme pour autant la toute-puissance de l’homme. En effet, on ne devient pas plus fort et on reste cet être fragile, décrit par le philosophe Pascal [3]. On ne devient pas moins sujet aux maladies, au vieillissement, moins mortel etc. Donc, finalement croire ou non en Dieu et à sa toute-puissance importe peu quant à la sujétion de l’homme. Donc, l’athéisme change-t-il vraiment, quelque chose à propos de la condition humaine ? De sa condition d’être misérable ? L’homme n’est-il pas soumis à la nature ? Quand bien même, on pourrait révoquer en doute la toute-puissance divine, pourrait-on en faire de même en ce qui concerne la faiblesse et la petitesse de l’homme, écrasé sous le poids des déterminismes de la nature ?

Le besoin de religion

Georges de La Tour La madeleine à la veilleuse

D’autre part, on constate qu’il n’y a pas de culture sans religion ou sans religiosité. Ainsi, quand bien même on ne croirait pas en Dieu, on ne peut cependant pas ignorer l’existence du fait religieux, son universalité. La société la plus laïque n’est pas exempte de religiosité. La question est de savoir comment expliquer l’universalité du phénomène religieux ? A quoi se raccroche cette religiosité ? Certainement à un besoin ! Et d’où vient ce besoin ? Ce besoin est lié à la condition humaine de l’homme. Confronté à toute sorte de choses qui le dépassent, l’homme est  en attente de réponses, de signesConfronté à la mort, la maladie, la souffrance, la religion lui apporte des réponses, des espoirs, du sens, des repères à une vie souvent dure pour lui. La religion est un appui.

Universalité du phénomène religieux

La religion offre à l’homme, d’une part, des réponses, des espoirs, des espérances, du sens, des repères, et d’autre part, des rites, des pratiques qui rassurent et donnent force à l’individu par la participation à une communauté, une Eglise [4]. Du coup, l’homme s’accroche à tous ces éléments et en devient grandement dépendant. On ne peut donc ignorer le poids du religieux. L’homme est assurément assujetti à la religion qui est omniprésente. Et si ce n’est à la religion institué, c’est dans ses formes les plus insidieuses, la superstition ou les sectes. On pourra peut-être nous objecter le glissement que nous venons d’opérer de Dieu à la religion et de la religion à la superstition et aux dérives sectaires. Ceci étant dit, cela ne change rien à l’assujettissement de l’homme, soit à la toute-puissance de Dieu (si l’on y croit) soit au religieux ou religiosité, on y échappe pas, qu’on le veuille ou non.

La religion comme « opium du peuple »

Quant à la religion, elle permet d’accepter notre condition misérable avec un discours rassurant et apaisant.  Comment, dans ces conditions, ne pas s’y laisser bercer.

Karl Marx – Städtmuseum de Trèves « La religion est l’opium du peuple »

Le philosophe, Marx [5], par exemple, disait que « la religion est comme l’opium » elle endort le peuple, l’esprit tourné vers la religion il ne se rend pas compte des soucis de la société. La religion lui permet de faire accepter comme une chance ce qui est misère, « heureux les pauvres… » mais en attendant, les pauvres demeurent pauvres et exploités et d’autres profitent des richesses d’un partage très inéquitable. Ceci étant dit, évoquons maintenant l’assujettissement de l’homme aux forces et aux déterminismes de la nature.

Dieu ou pas, religion ou pas, l’homme soumis aux déterminismes de la nature

On peut définir le déterminisme par l’expression selon laquelle les mêmes causent produisent les même effets dans les même circonstances. Tout dans la nature est soumis au déterminisme de la nature. Ainsi l’homme, tout comme les autres choses et êtres vivants, subit la loi des choses et des êtres, les lois de la nature. Il ne peut pas ne pas y être soumis. Il n’est pas un « empire dans un empire », il ne fait pas exception. Il est sous le joug de la nécessité. L’homme est fragile, faible il ne peut lutter contre tout ce déterminisme. Il est d’ailleurs le moins armé de tous les animaux. Dans l’Antiquité grecque, les Sophistes [6] pensaient cette idée que l’homme est le plus démuni de tous les animaux.  Au XVIIème siècle, les philosophes empiristes, avec Locke [7] en tête, pensaient que l’homme était « une table rase », « une page blanche vide de tout caractères ». Aujourd’hui, les neurosciences [8] affirment que lorsque enfant naît ces connections nerveuses ne sont pas achevées.

Rédaction d’Aurélie, relu par le professeur

Notes

[1] Sartre disait que « on n’a jamais été aussi libre sous l’occupation » Cette phrase signifie que peut importe les situations que nous vivons  nos somme entièrement libre d’être ce que l’on veut.

[2] Dostoïevski, Les frères Karamasov

[3] Pascal, Les pensées, lire le texte http://cyberphilo.net/2012/10/02/pascal-lhomme-le-plus-faible-de-la-nature/

[4] Ekklesia en grec signifie « communauté » et a donné « Eglise » en français

[5] Marx

[6] Le mythe d’Epiméthée et de Prométhée, dans le Protagoras de Platon : lire le texte http://cyberphilo.net/2012/10/02/letourderie-depimethee/

[7] Locke, Essai philosophique sur l’entendement humain : lire le texte http://cyberphilo.net/2012/10/02/locke-au-commencement-notre-ame-comme-une-table-rase/

[8] Les neurosciences attestent l’inachevement du cerveau du nouveau-né : lire l’article http://cyberphilo.net/2012/10/02/le-bebe-vient-au-monde-avec-un-cerveau-inacheve/

TL. Peut-on en finir avec les préjugés ? 2ème étape

Suite du travail préparatoire sur le sujet de dissertation « Peut-on en finir avec les préjugés ? »

Deuxième étape : Pour le mardi 2 octobre, poursuivre l’étude à partir de la base (éléments d’analyse du sujet) qui a été vue en classe. Il sera possible pour donner du contenu au développement de la dissertation de travailler les références ci-dessous. Ceci dit, l’utilisation de ces références n’est nullement une nécessité. Il s’agit simplement d’une possibilité.

Texte 1

Platon, La république, Livre VII

Voir le recueil de texte : l’Allégorie de la Caverne

Texte 2

« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. En quoi il n’est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est de l’appliquer bien. Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices, aussi bien que des plus grandes vertus ; et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup d’avantage, s’ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent, et qui s’en éloignent. »

Descartes, Discours de la méthode, 1637

Texte 3

« Qu’est-ce que les Lumières ? La sortie de l’homme de sa minorité dont il est lui-même responsable. Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement (pouvoir de penser) sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable (faute) puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. Sapere aude ! (Ose penser) Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu’un si grand nombre d’hommes, après que la nature les a affranchis depuis longtemps d’une direction étrangère, restent cependant volontiers leur vie durant, mineurs, et qu’il soit si facile à d’autres de se poser en tuteurs des premiers. Il est si aisé d’être mineur ! Si j’ai un livre qui me tient lieu d’entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui décide pour moi de mon régime, etc., je n’ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même. Je n’ai pas besoin de penser, pourvu que je puisse payer ; d’autres se chargeront bien de ce travail ennuyeux. Que la grande majorité des hommes tienne aussi pour très dangereux ce pas en avant vers leur majorité, outre que c’est une chose pénible, c’est ce à quoi s’emploient fort bien les tuteurs qui, très aimablement, ont pris sur eux d’exercer une haute direction de l’humanité. Après avoir rendu bien sot leur bétail, et avoir soigneusement pris garde que ces paisibles créatures n’aient pas la permission d’oser faire le moindre pas hors du parc où ils les ont enfermées, ils leur montrent le danger qui les menace, si elles essaient de s’aventurer seules au dehors. Or ce danger n’est vraiment pas si grand ; car, elles apprendraient bien enfin, après quelques chutes, à marcher ; mais un accident de cette sorte rend néanmoins timide, et la frayeur qui en résulte détourne ordinairement d’en refaire l’essai. Il est donc difficile pour chaque individu de sortir de la minorité, qui est presque devenue pour lui nature. »

Kant, Qu’est-ce que les Lumières

Texte 4

« Préjugé. Ce qui est jugé d’avance, c’est-à-dire avant qu’on se soit instruit. Le préjugé fait qu’on s’instruit mal. Le préjugé peut venir des passions ; la haine anime à préjuger mal ; il peut venir de l’orgueil, qui conseille de ne point changer d’avis ; ou bien de la coutume qui ramène toujours aux anciennes formules ; ou bien de la paresse, qui n’aime point chercher ni examiner. Mais le principal appui du préjugé est l’idée juste d’après laquelle il n’est point de vérité qui subsiste sans serment à soi ; d’où l’on vient à considérer toute opinion nouvelle comme une manœuvre contre l’esprit. Le préjugé ainsi appuyé sur de nobles passions, c’est le fanatisme. »

ALAIN, Propos.

Texte 5

« La science, dans son besoin d’achèvement comme dans son principe, s’oppose absolument à l’opinion. S’il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l’opinion, c’est pour d’autres raisons que celles qui fondent l’opinion ; de sorte que l’opinion a, en droit, toujours tort. L’opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s’interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l’opinion : il faut d’abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. L’esprit scientifique nous interdit d’avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu’on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit. »

G. BACHELARD, La Formation de l’esprit scientifique

Texte 6

« Quand on cherche les conditions psychologiques des progrès de la science, on arrive bientôt à cette conviction que c’est en termes d’obstacles qu’il faut poser le problème de la connaissance scientifique. Il ne s’agit pas de considérer des obstacles externes, comme la complexité et la fugacité des phénomènes, ni d’incriminer la faiblesse des sens et de l’esprit humain : c’est dans l’acte même de connaître, intimement qu’apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. C’est là que nous montrerons des causes de stagnation et même de régression, c’est là que nous décèlerons des causes d’inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques. La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres. Elle n’est jamais immédiate et pleine. Les révélations du réel sont toujours récurrentes. Le réel n’est jamais «ce qu’on pourrait croire » mais il est toujours ce qu’on aurait dû penser. La pensée empirique est claire, après coup, quand l’appareil des raisons a été mis au point. En revenant sur un passé d’erreur, on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel. En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l’esprit même, fait obstacle à la spiritualisation.

L’idée de partir de zéro pour fonder et accroître son bien ne peut venir que dans des cultures de simple juxtaposition où un fait connu est immédiatement une richesse. Mais, devant le mystère du réel, l’âme ne peut se faire, par décret, ingénue. Il est alors impossible de faire d’un seul coup table rase des connaissances usuelles. Face au réel, ce qu’on croit savoir clairement offusque ce qu’on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l’esprit n’est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l’âge de ses préjugés. Accéder à la science, c’est spirituellement rajeunir, c’est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé ».

G. BACHELARD, La formation de l’esprit scientifique, 1938

Texte 7

« Avoir une opinion, c’est affirmer, même de façon sommaire, la validité d’une conscience subjective limitée dans son contenu de vérité. La manière dont se présente une telle opinion peut être vraiment anodine. Lorsque quelqu’un dit qu’à son avis, le nouveau bâtiment de la faculté a sept étages, cela peut vouloir dire qu’il a appris cela d’un tiers, mais qu’il ne le sait pas exactement. Mais le sens est tout différent lorsque quelqu’un déclare qu’il est d’avis quant à lui que les Juifs sont une race inférieure de parasites, comme dans l’exemple éclairant cité par Sartre de l’oncle Armand qui se sent quelqu’un parce qu’il exècre les Anglais. Dans ce cas, le « je suis d’avis » ne restreint pas le jugement hypothétique, mais le souligne. Lorsqu’un tel individu proclame comme sienne une opinion aussi rapide, sans pertinence, que n’étaye aucune expérience, ni aucune réflexion, il lui confère – même s’il la limite apparemment – et par le fait qu’il la réfère à lui-même en tant que sujet, une autorité qui est celle de la profession de foi. Et ce qui transparaît, c’est qu’il s’implique corps et âme; il aurait donc le courage de ses opinions, le courage de dire des choses déplaisantes qui ne plaisent en vérité que trop. Inversement, quand on a affaire à un jugement fondé et pertinent mais qui dérange, et qu’on n’est pas en mesure de réfuter, la tendance est tout aussi répandue à le discréditer en le présentant comme une simple opinion. […]

L’opinion s’approprie ce que la connaissance ne peut atteindre pour s’y substituer. Elle élimine de façon trompeuse le fossé entre le sujet connaissant et la réalité qui lui échappe. Et l’aliénation se révèle d’elle-même dans cette inadéquation de la simple opinion. […] C’est pourquoi il ne suffit ni à la connaissance ni à une pratique visant à la transformation sociale de souligner le non-sens d’opinions d’une banalité indicible, qui font que les hommes se soumettent à des études caractérologiques et à des pronostics qu’une astrologie standardisée et commercialement de nouveau rentable rattache aux signes du zodiaque. Les hommes ne se ressentent pas Taureau ou Vierge parce qu’ils sont bêtes au point d’obéir aux injonctions des journaux qui sous-entendent qu’il est tout naturel que cela signifie quelque chose, mais parce que ces clichés et les directives stupides pour un art de vivre qui se contentent de recommander ce qu’ils doivent faire de toute façon, leur facilitent – même si ce n’est qu’une apparence – les choix à faire et apaisent momentanément leur sentiment d’être étrangers à la vie, voire étrangers à leur propre vie.

La force de résistance de l’opinion pure et simple s’explique par son fonctionnement psychique. Elle offre des explications grâce auxquelles on peut organiser sans contradictions la réalité contradictoire, sans faire de grands efforts. A cela s’ajoute la satisfaction narcissique que procure l’opinion passe-partout, en renforçant ses adeptes dans leur sentiment d’avoir toujours su de quoi il retourne et de faire partie de ceux qui savent ».

Theodor W. ADORNO, Modèles critiques, « Opinion, illusion, société »

TL. Peut-on en finir avec les préjugés ?

Premier sujet de dissertation pour les élèves de TL.

« Peut-on en finir avec les préjugés ? »

Dissertation à rendre le 5 octobre 2012.

D’ici là, un travail régulier et progressif s’impose.

Première étape : pour mardi 25 septembre 2012, tenter de comprendre le sujet et à partir de ce que vous pensez avoir compris, écrire tout ce qui vous vient à l’esprit, sans autocensure, il sera temps ultérieurement d’opérer un tri, des choix et d’organiser une pensée cohérente.

Il est possible, dors et déjà, de noter le fruits de vos réflexions ci-dessous.

TL. Travail préparatoire à l’étude de texte

Pour mardi 25 septembre 2012

Faire le travail préparatoire à l’étude de texte et proposer une introduction.

Texte proposé : extrait des Méditations cartésiennes de Husserl : « Quiconque veut vraiment devenir philosophe devra => Voeu de pauvreté en matière de connaissance »

Rappel : le travail préparatoire consiste à repérer le thème, de rédiger la question à laquelle Husserl répond et sa réponse en extrayant une citation exprimant le mieux son idée. On prendra soin de travailler la structure logique afin de dégager de manière détaillée l’argumentation du texte. Si possible, rédiger la ou les positions opposées à celle de l’auteur. Pour finir, et c’est un  travail très important, il conviendra d’expliquer tout ce qui mérite d’être expliqué.