BAC 2016. Les sujets de philo d’Amérique du Nord pour la Série S

Sujet 1

Travailler est-ce seulement mettre en oeuvre des techniques ?

Sujet 2

Peut-on ne pas admettre la vérité ?

Sujet 3

Le gouvernement arbitraire d’un prince juste et éclairé est toujours mauvais. Ses vertus sont la plus dangereuse et la plus sûre des séductions: elles accoutument insensiblement un peuple à aimer, à respecter, à servir son successeur quel qu’il soit, méchant et stupide. Il enlève au peuple le droit de délibérer, de vouloir ou ne vouloir pas, de s’opposer même à sa volonté, lorsqu’il ordonne le bien ; cependant ce droit d’opposition, tout insensé qu’il est, est sacré: sans quoi les sujets ressemblent à un troupeau dont on méprise la réclamation, sous prétexte qu’on le conduit dans de gras pâturages. En gouvernant selon son bon plaisir, le tyran comment le plus grand des forfaits. Qu’est ce qui caractérise le despote ? Est-ce la bonté ou la méchanceté ? Nullement ; ces deux notions n’entrent pas seulement(1) dans sa définition. C’est l’étendue et non l’usage de l’autorité qu’il s’arroge. Un des plus grand malheurs qui pût(2) arriver à une nation, ce seraient deux ou trois règnes d’une puissance juste, douce, éclairée, mais arbitraire : les peuples seraient conduit par le bonheur à l’oubli complet de leurs privilèges, au plus parfait esclavage. »

Denis DIDEROT, Réfutation suivie de l’ouvrage d’Helvétius (1783-1786)

Notes

(1) « pas seulement » = pas du tout

(2) « qui pût » = qui pourrait

Faut-il commémorer ou oublier ?

20160529 scénographie Verdun

Est-ce la même chose que de vouloir faire naître ou développer la conscience historique des jeunes et le devoir de mémoire ? Quel est le sens et le but d’une commémoration ? Cela participe-t-il à une conscience et mémoire collective ? Cette mémoire peut-elle raviver des haines ou bien au contraire est-elle le fondement d’une paix authentique et durable ? Oublier ne serait-il pas plus judicieux de manière à tourner des pages, terminer enfin ce grand livre des horreurs et penser un tout autre avenir, une toute autre société ? N’est-ce pas une illusion que de croire que l’on peut prendre des leçons de l’histoire ? Ne croule-t-on pas sous les commémorations sans que l’on puisse voir pour autant des progrès en matière d’humanité ?

Interrogation à poursuivre. Questions à développer. Thèses à échafauder et à discuter. Aller au-delà de toutes polémiques malsaines, pour penser vraiment. Qu’on ne se trompe pas, si certains polémiquent sur le fait que la scénographie des célébrations du centenaire de la bataille de Verdun, conçue par le cinéaste allemand Volker Schlöndorff, était un honteux et désolant, voire blasphématoire spectacle en ce qu’elle faisait courir et danser une jeunesse parmi les tombes et les croix, c’est certainement de la pure et simple récupération politique politicienne. Plus important est de réfléchir sur la nature, le sens et la valeur de l’acte commémoratif tout autant que ses limites. Que dit cet acte ou plus exactement la manière dont on s’y prend pour commémorer, ou encore notre rapport à la mémoire et à l’histoire sur notre société actuelle ?

Vendredi 27 mai en Guadeloupe, on commémorait l’abolition de l’esclavage, dimanche 29 mai on commémorait à Verdun le centenaire d’une bataille, le 6 juin prochain, le débarquement etc. L’occasion nous est donc donnée d’y réfléchir.

Des sujets de philosophie donnés au baccalauréat évoquant cette thématique :

4 dissertations

  • Commémorer le passé, est-ce le connaître ?
  • Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?
  • L’intérêt de l’histoire, est-ce d’abord de lutter contre l’oubli ?
  • Pour se libérer du passé faut-il l’oublier ?

Un texte d’Arthur Schopenhauer

L’usage de la raison individuelle suppose, à titre de condition indispensable, le langage ; l’écriture n’est pas moins nécessaire à l’exercice de cette raison de l’humanité : c’est avec elle seulement que commence l’existence réelle de cette raison, comme celle de la raison individuelle ne commence qu’avec la parole. L’écriture, en effet, sert à rétablir l’unité dans cette conscience du genre humain brisée et morcelée sans cesse par la mort : elle permet à l’arrière-neveu de reprendre et d’épuiser la pensée conçue par l’aïeul ; elle remédie à la dissolution du genre humain et de sa conscience en un nombre infini d’individus éphémères, et elle brave ainsi le temps qui s’envole dans une fuite irrésistible avec l’oubli, son compagnon. Les monuments de pierre ne servent pas moins à cette fin que les monuments écrits, et leur sont en partie antérieurs. Croira-t-on en effet que les hommes qui ont dépensé des sommes infinies, qui ont mis en mouvement les forces de milliers de bras, durant de longues années, pour construire ces pyramides, ces monolithes, ces tombeaux creusés dans le roc, ces obélisques, ces temples et ces palais, debout depuis des millénaires déjà, n’aient eu en vue que leur propre satisfaction, le court espace d’une vie, qui ne suffisait pas à leur faire voir la fin de ces travaux, ou encore le but ostensible que la grossièreté de la foule les obligeait à alléguer ? – Leur intention véritable, n’en doutons pas, était de parler à la postérité la plus reculée, d’entrer en rapport avec elle et de rétablir ainsi l’unité de la conscience humaine.

SCHOPENHAUER, Le Monde comme volonté et comme représentation (1819)

TL. Ultime devoir type-bac avant l’examen

BAC-BLANC de Philosophie

Série L

SUJET 1

Une technique est-elle bonne parce qu’elle est efficace ?

SUJET 2

L’État doit-il viser le bonheur des individus ?

SUJET 3

« Quelle est la fonction primitive du langage ? C’est d’établir une communication en vue d’une coopération. Le langage transmet des ordres ou des avertissements. Il prescrit ou il décrit. Dans le premier cas, c’est l’appel à l’action immédiate ; dans le second, c’est le signalement de la chose ou de quelqu’une de ses propriétés, en vue de l’action future. Mais, dans un cas comme dans l’autre, la fonction est industrielle, commerciale, militaire, toujours sociale. Les choses que le langage décrit ont été découpées dans le réel par la perception humaine en vue du travail humain. Les propriétés qu’il signale sont les appels de la chose à une activité humaine. Le mot sera donc le même, comme nous le disions, quand la démarche suggérée sera la même, et notre esprit attribuera à des choses diverses la même propriété, se les représentera de la même manière, les groupera enfin sous la même idée, partout où la suggestion du même parti à tirer, de la même action à faire, suscitera le même mot. Telles sont les origines du mot et de l’idée. L’un et l’autre ont sans doute évolué. Ils ne sont plus aussi grossièrement utilitaires. Ils restent utilitaires cependant. »

BERGSON, La Pensée et le mouvant

 

TL. Ultime devoir type bac avant l’examen

 

BAC-BLANC de PHILOSOPHIE

Série S

 

SUJET 1

Une technique est-elle bonne parce qu’elle est efficace ?

SUJET 2

Faut-il considérer le travail comme un mal nécessaire ?

SUJET 3

« La plus ancienne de toutes les sociétés et la seule naturelle est celle de la famille. Encore les enfants ne restent-ils liés au père qu’aussi longtemps qu’ils ont besoin de lui pour se conserver. Sitôt que ce besoin cesse, le lien naturel se dissout. Les enfants, exempts de l’obéissance qu’ils devaient au père, le père, exempt des soins qu’il devait aux enfants, rentrent tous également dans l’indépendance. S’ils continuent de rester unis, ce n’est plus naturellement, c’est volontairement, et la famille elle-même ne se maintient que par convention.

Cette liberté commune est une conséquence de la nature de l’homme. Sa première loi est de veiller à sa propre conservation, ses premiers soins sont ceux qu’il se doit à lui-même, et, sitôt qu’il est en âge de raison, lui seul étant juge des moyens propres à se conserver devient par là son propre maître.

La famille est donc, si l’on veut, le premier modèle des sociétés politiques ; le chef est l’image du père, le peuple est l’image des enfants, et tous étant nés égaux et libres n’aliènent leur liberté que pour leur utilité. Toute la différence est que, dans la famille, l’amour du père pour ses enfants le paye des soins qu’il leur rend, et que, dans l’État, le plaisir de commander supplée à cet amour que le chef n’a pas pour ses peuples. »

ROUSSEAU, Contrat social