LOCKE. « Le soi dépend de la conscience »

Exercice proposé à l’occasion d’un travail en autonomie (sur le principe de la classe inversée) pour le groupe A de TL. Ce groupe est divisé en deux équipes. La deuxième équipe devra réaliser une émission de radio philosophique à partir d’un travail sur un extrait de l’Essai philosophique concernant l’entendement humain de John Locke.

Equipe 2

John Locke soutient que c’est la mémoire personnelle qui fait l’identité de la personne, grâce à la capacité réflexive de la conscience à travers le temps. Etant donné que ma pensée et mon corps ne cessent de changer, ce n’est pas l’identité de la substance qui fait l’identité de la personne, mais l’identité garantie par la conscience réflexive. Précisons que l’identité est le fait, pour un être de demeurer le même à travers le temps ; une personne, selon Locke est un être pensant capable de réflexion, qui peut se considérer soi-même comme étant identique à soi à travers le temps et l’espace. On peut être la même personne sans être le même homme du point de vue de l’organisation biologique : je ne suis plus le même homme que lorsque j’étais enfant, mais je suis la même personne. La substance c’est ce qui demeure identique à soi malgré les changements survenus dans ses propriétés apparentes.
§ 17. Le soi dépend de la conscience. Soi est cette chose qui pense consciente (de quelque substance, spirituelle ou matérielle, simple ou composée, qu’elle soit faite, peu importe) qui est sensible, ou consciente du plaisir et de la douleur, capable de bonheur et de malheur, et qui dès lors se soucie de soi dans toute la mesure où s’étend cette conscience. Pourquoi le soi est-il caractérisé d’abord par le souci de soi ?
De même que dans ce cas c’est la conscience qui accompagne la substance, lorsqu’une partie est séparée d’une autre, qui fait la même personne, et constitue ce soi indivisible, de même en va-t-il par rapport à des substances éloignées dans le temps. Celle avec qui peut se joindre la conscience de la chose pensante actuelle fait la même personne, elle forme un seul soi avec elle, et avec rien d’autre ; elle s’attribue ainsi et avoue toutes les actions de cette chose, qui n’appartiennent qu’à elle seule aussi loin que s’étend cette conscience (mais pas plus loin), comme le comprendra quiconque y pensera. Pourquoi l’exemple du doigt amputé permet-il de montrer que le soi ne s’identifie pas au corps ?
§ 19. Ceci peut nous faire voir en quoi consiste l’identité personnelle : non dans l’identité de substance mais, comme je l’ai dit, dans l’identité de conscience, en sorte que si Socrate et l’actuel maire de Quinborough[1] en conviennent, ils sont la même personne, tandis que si le même Socrate éveillé et endormi ne partagent pas la même conscience, Socrate éveillé et Socrate dormant n’est pas la même personne. Qu’est-ce qui permet au soi de demeurer le même dans le temps ?
Et punir Socrate l’éveillé pour ce que Socrate le dormant a pu penser, et dont Socrate l’éveillé n’a jamais eu conscience, ne serait pas plus juste que de punir un jumeau pour les actes de son frère jumeau et dont il n’a rien su, sous prétexte que leur forme extérieure est si semblable qu’ils sont indiscernables (or on a vu de tels jumeaux).

John Locke (1632-1704), Essai philosophique concernant l’entendement humain (1690-1694), II, XXVII.

Pourquoi Socrate éveillé et Socrate endormi ne sont-ils pas la même personne selon Locke ?
·         Quel lien Locke établit-il entre identité personnelle, conscience et responsabilité ?

·         Examinez l’analogie entre Socrate éveillé et Socrate endormi, d’une part, et le jumeau et son frère, d’autre part. Pourquoi ne sont-ils pas la même personne, selon Locke ?

·         Qu’est-ce qui fait l’identité du sujet selon Locke ?

[1] Quinborough : allusion probable à la légende de Hengist et Horsa, et à la pièce du dramaturge anglais Thomas Middleton (1580-1627), Hengist, roi de Kent, ou maire de Quinborough (1620). Hengist aurait fondé avec son frère jumeau Horsa le premier royaume anglo-saxon au sud-est de l’Angleterre, où se situe la ville de Quennsborough.

Contenu de l’exercice inspiré du Manuel « Philosophie » Magnard. www.magnard.fr


TRAVAIL EN AUTONOMIE du Vendredi 23 septembre 2016

Partie individuelle : 1°) Lire le texte en tenant de le comprendre en vous aidant de l’introduction. 2°) A partir de la structure du texte, répondez aux questions posées correspondant à chacune des parties du texte. 3°) Quelles réponses ce texte de Locke permet-il de fournir à la question suivante :

  • Qu’est-ce qui fait l’identité du sujet ?

Partie en équipe : 1°) Partagez votre compréhension du texte. Y a-t-il des points de désaccords ? Le partage doit vous permettre de compléter, d’éclaircir, d’approfondir. 2°) Travaillez la mise au point d’un enregistrement d’une émission philosophique portant sur ce texte : Trouver un titre (philosophique ex : l’identité du sujet) ; partagez les rôles : 1 animateur, 1 lecteur et 3 intervenants / surtout ne pas donner l’impression de lire votre papier / Aidez-vous de la trame ci-dessous et rédigez un conducteur.

Titre et présentation Animateur : Bonjour, Vous écoutez PhiloWebRadio. Aujourd’hui, nous évoquerons la question de l’identité du sujet. Et pour ce faire nous aborderons un texte de John Locke, extrait de son Essai philosophique concernant l’entendement humain. [Présentation de la notion d’identité et ce qui fait que nous nous identifions comme sujet selon lui. Pour en parler, nous avons sur le plateau, ….
Lecture de la partie 1 Lecteur :
Question 1 Animateur L’animateur donne la parole à
Réponse à la question 1 Intervenant 1
Lecture de la partie 2 Lecteur
Question 2 Animateur
Réponse à la question 2 Intervenant 2
Lecture de la partie 3 Lecteur
Question 3 Animateur
Réponse à la question 3 Intervenant 3
Lecture de la partie 4 Lecteur
Question 4 Animateur
Réponse à la question 4 Intervenant 1
Lecture de la partie 5 Lecteur
Question 5 (question double) Animateur
Réponse à la question 5 Intervenant 2
Question 6 Animateur
Réponse à la question 6 Intervenant 3
Conclusion Animateur Nous arrivons déjà au terme de cette émission, une question encore, pour bien faire comprendre la pensée de John Locke : A partir de l’examen de l’analogie Socrate éveillé et Socrate endormi, d’une part, et le jumeau et son frère d’autre part, pourquoi, selon Locke, ne sont-ils pas la même personne ?
Réponses Intervenants Nous aurions tendance à penser …. Mais Locke ….
Fin Animateur Nous venons de voir l’importance de la ……. Pour Locke, c’est par elle que nous nous identifions comme sujet. Vous étiez sur PhiloWebRadio, merci pour votre attention